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    Léa regardait le plafond depuis bientôt trois quart d’heures sans parvenir à trouver le sommeil.
    Elle jura en silence, insultant de tous les noms le démon qui l’empêchait de plonger à pieds joints dans la mer de repos dont elle avait désespérément besoin.
    Ca faisait deux semaines à présent qu‘elle se levait à six heures du matin et se couchait plus tard que minuit, et pourtant, sans savoir comment, Léa parvenait tout de même à rester éveillée pendant les cours et au boulot.
    Elle se tourna encore et encore sur son matelas, faisant hurler les ressorts de son lit, son soupir d’exaspération brisant le silence de sa chambre. Puisqu’elle ne pouvait pas s’endormir, il fallait qu‘elle s’occupe l’esprit.
    Observant la Lune depuis le fond de ses couvertures, elles fixa les immenses cratères argentés et laissa vagabonder son esprit….

    ***

    Elle était dans un monde de coton, c’était comme si l’apesanteur n’avait plus aucune prise sur elle, elle flottait lentement, doucement sur un coussin d’air chaud, délicieusement chaud et confortable.
    Un éclair lui fit lever les yeux, il s’agissait en fait d’étoiles filantes qui zébraient le ciel bleuté de la nuit, telles des trainées de poudre scintillantes.
    Léa ne savait pas où elle se trouvait, mais au fond d’elle-même, sans s’expliquer comment, elle sentait que quelque chose l’attirait vers l’avant, hors de son petit nuage de chaleur.
    Clignant des yeux afin de s’éclaircir les idées, la jeune fille chercha des yeux un endroit où descendre de son nuage. Toujours guidée par cette étrange attraction, elle regarda sous elle et aperçu une plate-forme dépourvue de nuages mais couverte de poussière d’étoiles.
    Balançant ses jambes vers l’avant avec enthousiasme, elle s’y laissa tomber avec souplesse et s’avança droit devant.
    Elle marchait depuis un bon moment déjà, lorsqu’elle entendit des éclats de rires et des bruissements.
    « Ah bah tiens, je ne suis pas seule ici finalement! »
    Sentant que l’attraction se faisait de plus en plus forte au fur et à mesure qu’elle avançait, elle accéléra le rythme de ses pas jusqu’à ce qu’elle arrive devant une porte entrebâillée.
    Curieuse de connaître la provenance de cette attraction, elle s’approcha en silence et colla un œil dans l’interstice.
    La porte débouchait sur une immense pièce aux murs entièrement faits de nuages blancs et argentés et au sol couvert de pierre de Lune. Au centre, trônait le lit le plus gigantesque et le plus singulier qu’elle ait jamais vu: le matelas était composé d’un immense coussin d’air et les draps de cumulus blancs.
    Elle remarqua que sur ces mêmes draps, un couple d’hommes se prélassait au son d‘une mélodie d’une harpe invisible. La peau de leurs corps fins et nus aussi blanche que l’albâtre, leurs cheveux blonds comme les blés et leurs yeux d’un gris translucide brillaient à la lueur de la Lune, nimbés d’un halo argenté et mystérieux.
    En s’approchant un peu plus, elle distingua avec stupeur qu’ils avaient des ailes dans le dos, cette vision la réjouit au plus au point : « c’est donc à cela que ressemblent des anges! »
    Le sourire aux lèvres, elle tendit l’oreille pour écouter leurs doux murmures.
    - Tout cela n’est absolument pas raisonnable mon ange, tu devrais déjà être en mission à l’heure qu’il est.
    - Je sais très bien tout cela merci amour, mais ce n’est pas parce que j’ai décidé de rester avec toi cette nuit que le monde va cesser de tomber amoureux! L’Humanité peut bien se passer du dieu de l’Amour pour une nuit non?
    « Cupidon »
    Léa avait reconnu le dieu responsable des passions, réputé pour son adresse et ses flèches dévastatrices, d’ailleurs, à cet instant, elle aurait bien aimé lui toucher deux mots à propos de ses amours à elle…
    - C’est vrai que la Terre entière ne risque rien en amour si tu t’absentes juste une nuit, mais à mon avis, leur cas sera différent en ce qui me concerne…
    - Au diable le cas des autres, seul le mien doit compter pour l’instant. Regarde, nous sommes seuls, tous les deux, nus, sur le même lit… Alors, ça ne te donnes pas envie?
    - Tu triches Cup, tu es en train d’utiliser tes pouvoirs de séduction sur moi, pourtant, tu sais très bien que tu n’en pas besoin…
    - Qu’elle adorable déclaration Morphe, si tu continue sur cette voie, je crois que je vais te prendre comme apprenti et te soustraire à ce job si contraignant que tu as.
    - Allons, Cup, si tu me prend comme apprenti, qui voudra prendre ma place? Mmh? Tu connais un autre dieu capable d’endormir les gens aussi bien que je le fais? Ou de leur prodiguer des songes si agréables ?
    « Morphée »
    Léa n’en croyait pas ses yeux et ses oreilles, ainsi Morphée était un dieu et non une déesse! * Et un dieu gay par-dessus le marché! Passait encore pour Cupidon, lui qui était le maître de l’Amour et des Plaisirs, il pouvait aimer qui il voulait, mais pour elle qui s’était toujours représenté Morphée comme une divinité féminine, c’était un véritable choc.
    Toute à ses pensées, la jeune fille n’avait pas remarqué que Cupidon avait changé de position et s’était lascivement allongé sur son compagnon. Elle se pencha un peu plus vers l’avant pour écouter les murmures qu’ils échangeaient.
    - Très bien, tu m’as convaincu…pour cette fois du moins…
    - Idiot, je sais très bien que tu renouvelleras ta proposition pour la millième fois la prochaine nuit qu’on passera ensemble, et que pour la millième fois, je te donnerais exactement la même réponse que je viens de te donner!
    - Je te déteste…
    - Oui je sais…
    Cupidon enfouit sa bouche dans le creux du cou de son amant, pressant la peau douce et parfumée de ses lèvres impatientes, la caressant du bout de sa langue, la butinant pour y déposer un chapelet de baisers amoureux. Sa main fébrile descendit le long de la poitrine haletante de son amant pour se poser sur une hanche. Instinctivement, Morphée se cambra et écarta les cuisses, s’offrant totalement aux caresses audacieuses du dieu de l’Amour. La main gourmande se fraya un passage entre leurs deux corps frissonnants et saisit le membre à demi durci. Elle le masturba lentement, très lentement, si lentement que Morphée se senti venir doucement, sans accroc ni secousse et se libéra dans un doux soupir sensuel et tendre à souhait.
    Cupidon, libéra le cou d’albâtre de l’emprise de ses lèvres pour les laisser glisser sur les bouts de chair rosés, explorer la forme rebondie des muscles et les creux des membres agités de tremblements, savourer la rondeur d’une cuisse, déguster la douceur du phallus tendu sous le plaisir, un vrai régal.
    Léa en avait les yeux écarquillés et la mâchoire pendante de surprise. Jamais, de sa vie, elle n’avait vu pareil spectacle, elle comprenait beaucoup mieux à présent d’où venait cette attraction si puissante.
    Les anges, noyés dans le plaisir, généraient forte lumière blanche composée d’une telle quantité d’énergie, que la jeune fille devait se protéger les yeux et se retenir aux montants de la porte pour ne pas être aspirée.
    Ayant réussit à se caler à l’abri derrière la porte, elle distingua un faible murmure que la passion faisait trembler.
    - Tu es prêt?
    Morphée à sourit.
    - Détend-toi le plus possible, je vais y aller doucement…
    Allongé entre les jambes écartées de son amant, appuyé sur les coudes et les fesses en arrière, Cupidon, entamait sa lente pénétration, écartant les chairs avec délicatesse, s’infiltrant avec amour dans ce fourreau de tissu satiné qui l’emprisonna tout entier.
    Morphée gémissait déjà de plaisir, les lèvres rouges humectées de salive, le regard fou. Haletant comme un perdu, il referma ses jambes sur les hanches encore inactives de Cupidon, noua ses bras autour de son cou et lui mordilla le lobe.
    Il était prêt.
    Alors, les anges entamèrent une danse folle, enivrante et sensuelle, au son de leurs murmures et de leur gémissements, leurs plaintes résonnant telle une mélodie féerique sur les murs de leur chambre.
    Les yeux dans les yeux, les lèvres soudées, ils atteignirent le septième ciel dans une lumière si éblouissante que Léa ferma les yeux et se protégea le visage de ses mains.
    Lorsque sur un dernier cri, les dieux retombèrent sur les draps, leurs corps s’enlacèrent d’eux-mêmes et le sommeil les enveloppa de sa chaleureuse étreinte.

    ***

    Cette nuit là, les scientifiques ont découvert la plus grande pluie d’étoiles filantes jamais enregistrée, cet événement fit leurs choux gras et la une des chaînes télévisées.
    Cette nuit là , des milliers de gens se sont précipités à leurs balcons, certains pour admirer le phénomène, d’autres pour faire des vœux et des souhaits qui leur tiennent à cœur.
    Cette nuit là, Léa s’est endormie du sommeil du juste, un léger sourire sur les lèvres, les songes peuplés d’étranges visions chimériques.

     


    * Il faut la comprendre la pauvre, le prénom "Morphée" a une terminaison en "ée" ce qui le féminise...


     

    Billet :

    Cette histoire m’est venue lors d’une conversation peu orthodoxe avec une de mes cousines. Il était tard, environ 1 heure du matin, et elle se plaignait de ne pas trouver le sommeil.
    A sa réplique agacée : « Mais que fout donc Morphée? », j’ai répondu : « Il s’envoit en l’air! ». S’est alors ensuivit un équivalent de « Ah! Mais ça explique pourquoi je galère à dormir moi! », et d’un « Bah ouais, c’est clair. D’ailleurs, je suis sûre que c’est Cupidon qu‘il se tape en ce moment! Ca explique pourquoi tant de gens cherchent l‘amour sans le trouver! Ca glande au lieu de faire tomber les gens amoureux! »
    J’avoue que je ne sais pas du tout d’où tout ça m’est venu.
    L’idée de départ est très saugrenue, mais ensuite, l’histoire est venue toute seule. Et c’est très naturellement que la trame s’est tissée, et que finalement, cette histoire est née!


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