• Chapitre 27

    27.

    Écrasant sans vergogne les débris divers et variés qui jonchaient le sol de sa cellule, Idalgo s’autorisa un sourire. Son petit soldat lui avait obéit bien docilement pour une fois et sans poser de question en plus, c’était très agréable.
    Maintenant qu’il était seul, reprendre sa forme habituelle devenait nécessaire. L’enveloppe charnelle qu’il habitait tel un parasite avait subi de telles séquelles qu’il ne pensait pas pouvoir la réparer intégralement cette fois-ci, d’autant plus qu’elle commençait à le démanger sérieusement, il aurait à s‘en débarrasser bientôt. C’était pourtant dommage, il commençait tout juste à l’apprécier ce corps si chaud.
    Rétablissant l’ordre dans la Chambre d’un claquement de doigt, le Maître déposa l’enveloppe vide de feu Marius Von Waldorf sur une chaise et se dirigea vers le sous-sol où les battements de cœur des cocons, dorénavant devenus bien faibles, le faisaient vibrer de plaisir. Il devait convoquer ses frères et porter cette horreur était totalement exclue. Se montrer à eux sous sa vraie forme était une condition
    sine qua non, et il n’avait jamais dérogé à cette règle. C’était fondamental.
    Avalant les marches une à unes, Idalgo fredonna un air victorieux. Il devait se l’avouer, il avait pris beaucoup de bon temps dans le monde si corruptible des humains. Et bien qu’il n’en n’ait pourtant pas négligé sa mission, il reconnaissait qu’il aurait pu se montrer un peu plus rapide et plus efficace que cela. Maintenant cet imbécile d’Héritier l’avait à l’œil, et il aurait à cœur de surveiller le moindre de ses faits et gestes si ce n’était pas déjà le cas.
    Mais bon, en définitive, ce n’était pas si dramatique. Il lui restait un peu de temps avant que Belzébuth ne revienne l’importuner, et lorsqu’il ferait à nouveau irruption chez lui, la vie qu’il avait connue, ou cru connaitre, aurait pris fin bien avant qu’il ne puisse s’en rendre compte! Idalgo avait un plan génial, et ce qui le couronnerait serait sa victoire éclatante, écrasante et totalement absolue. Si absolue!
    Le plus drôle dans cette histoire, était d’imaginer à quel point il avait été facile de tromper le Prince. Grâce aux pouvoirs des cocons, pas un seul instant, le Maître n’avait souffert des attaques répétées du démon majeur. Il s’était sentit encore un peu faible car l’assimilation n’était pas encore tout à fait complète, mais l’onde de puissance n’avait fait que glisser sur lui à chaque tentative d’intimidation, et il avait dû serrer les dents pour ne pas éclater de rire tant il trouvait la chose hilarante. Il était invincible, et rien que d’y penser, il trouvait ça jouissif!
    Parvenu au bas des marches, le Maître marcha jusqu’à atteindre le milieu du Tombeau. Une fois ses pentagrammes tracés, il tapa trois fois dans ses mains avant de les poser au sol et d’incanter des paroles qui chargèrent l’atmosphère de magie noire, de mort et d’une telle puissance que des morceaux de roches finirent par se décocher des murs pour léviter autours de lui.
    Puis lorsque sa formule prit fin, une aveuglante lumière bleue surgit soudain d’entre les six cercles tracés au sol, révélant un à un les démons spécifiques aux symboles. Ne possédant pas d’apparence humaine à cause de leur faible statu, ils avaient tous en conséquence un physique repoussant.
    Néanmoins, la même expression sévère ornait leurs visages et une même voix unissait les leurs.
    - As-tu avancé depuis notre dernière discussion frère de luxure?
    Respectueux, Idalgo s’inclina.
    - Bonjour à vous. J’ai en effet beaucoup avancé depuis la dernière lune. Mais si je vous convoque, c’est pour vous faire part d’un problème: le Prince des Enfers sait que je prépare quelque chose. Bien sûr, il ne sait pas ce qu’il en est, mais il me surveille. Donc, cette entrevue sera la dernière avant le Grand Chaos.
    - Qui te permets de décider si ce sera notre dernière entrevue ou non?
    - Absolument personne. Mais si vous tenez à ce que le plan que nous avons convenu fonctionne, il serait plus sage de ne plus nous revoir avant le jour J. Autrement, je crains que vous ne soyez découverts.
    - Ha! Si ce n’est pas beau ça! Voilà ce que nous apporte le fait de faire confiance à un démon comme toi! Nous t’avons pourtant choisis pour mener la révolte des Damnés parce selon toi, tu étais le plus à même de séduire le monde humain. Tu étais le seul, encore une fois selon toi, parmi les sept d’entre nous à pouvoir mettre en place un plan si élaboré. Nous avons alors décidé de te croire, et nous avons passé un contrat avec toi. Tu nous a promis la liberté, à nous qui sommes enchainés dans les Ténèbres de cette prison en or qu’est la tienne, mais visiblement, tu n’as pas su assurer tes arrières, et nous voici du même coup tous en danger. Avons-nous eu tort de te confier pareille tâche? Peut-être. Si tel est le cas, alors l’avenir décidera de ton sort.
    Vexé par de telles remontrances, le Maître serra les dents. Il aurait bien aimé envoyer ses frères paître, mais les provoquer tous en même temps et dans un endroit si restreint n’était pas une bonne idée.
    - Vous oubliez que coule en moi le pouvoir des cocons. Alors je vous conseille pour votre bien de ne pas me sous-estimer mes frères.
    Ils eurent un rire commun.
    - Oh! De l’intimidation maintenant petit frère? Nous voyons bien ce que tu essaies de faire, mais la pilule ne passera pas plus vite de cette façon. Tu as failli, et nous n’oublierons pas. Soit, cette entrevue sera la dernière, mais entretemps, tu n’as pas intérêt à échouer, ou alors l‘avenir ne sera pas le seul à décider de ton sort. Maintenant dis-nous comment se porte le Réceptacle, nous brûlons d’impatience de savoir quand viendra notre enfant!
    A demi soulagé par l’acceptation de ses frères, Idalgo leur révéla ce qu’ils voulaient savoir.

    ***

    A cause de tout ce qu’il s’était passé dans la Chambre des Plaisir la veille au soir, Elizia n’avait pas pu fermer l’œil de la nuit.
    En revenant dans sa propre chambre, l’envie l’avait démangé de courir informer Florent et Adonis, mais la promesse qu’il avait faite à Célestina et à Olivia de les tenir informées de la moindre chose les concernant avait primé sur son désir immédiat. Tournant comme un lion en cage entre les murs blancs et dorés de la pièce, il avait donc rongé son frein, patientant jusqu’au matin d’un air fébrile avant de se ruer dehors dès la première heure de cours pour les chercher partout où il était susceptible de les trouver, courant dans les couloirs comme un dément et dérapant dans les escaliers sans regarder où il allait.
    Au bout d’une demi-heure de recherches infructueuses, il finit par les dénicher dans la bibliothèque. En sueur, il déboula auprès d’elles, et sans même les saluer, les fit sortir des rayons en toute hâte d’un air empressé. Elles braquaient sur lui des regards complètement perdus, mais les couloirs n’étaient pas le meilleur endroit pour leur expliquer quoi que ce soit. Ce fut donc uniquement lorsqu’il dénicha une salle de classe vide et qu’il s’assit sur une chaise tout aussi vide, qu’il s’autorisa enfin à respirer et à penser correctement.
    Étrangement, il avait cru qu’une fois isolées des autres étudiants et qu‘à cause de son comportement quelque peu paniqué, les demoiselles le bombarderaient de questions comme elles l’avaient fait les fois qu’ils s’étaient parlés devant la porte de sa chambre ou dans le hall.
    Mais contrairement à ce qu’il s‘était imaginé, elles n’en firent rien. S’installant tranquillement à leur tour sur des chaises, la brune et la blonde lissèrent soigneusement leurs tuniques du bout des doigts, attendant patiemment qu’il commence son récit.
    Ce qu’il fit durant plus d’une heure, une fois qu’il eut rassemblé assez de courage pour le faire.
    Bien sûr, elles ne le crurent d’abord pas. Mais lorsqu’il leur montra son ventre proéminent et les marques sur son corps, la magie qui couvrait son état s’estompa, et elles en restèrent sans voix.
    Elie ne fut pas blessé par leur réaction, mais il en éprouva tout de même un petit pincement au cœur.
    - Et bien, cher ami, tout ce que vous venez de nous raconter semble invraisemblable. Mais avec tout ce que nous avons déjà vu Ollie et moi, j’imagine que nous n’avons pas d’autre choix que de vous croire.
    - Oui en effet. Si nous nous fions à ce que vous dites, nous ne pouvons pas faire grand-chose à par être vigilantes et prévenir les autres élèves que quelque chose de terrible se prépare. D’ailleurs, quand j’y pense, lorsque je vais raconter votre terrible histoire, le trois quart ne va pas nous croire une seule seconde!
    Elizia leur jeta un regard triste.
    - Je suis vraiment désolé. Vos moyens de défense sont bien maigres, mais je ne peux rien faire d’autre pour le moment. Mes amis et moi tentons de mettre sur pied un plan d’attaque, mais cela va prendre du temps, et je ne peux, hélas, pas assurer votre protection en même temps.
    Touchées par son inquiétude, les deux jeunes filles posèrent leurs mains sur les siennes.
    - Ne vous en faites pas Elizia. Nous nous débrouillerons.

    Une fois de retour dans sa chambre, Elizia se posta devant le grand Miroir pour qu’il l’emmène dans la Chambre Bleue. Aujourd’hui encore il allait sécher les cours, mais cela n’avait désormais plus aucune importance.
    A son arrivée, il remarqua qu’Adonis se tenait près d’un Florent endormi, et que Tessa s’était jointe à eux. S’autorisant un sourire, le jeune homme s’avança vers le lit et gratifia le front de son amant d’une caresse.
    - Bonjour mon amour.
    - Bonjour.
    Le sourire que lui offrit le blond fit louper un battement à son cœur.
    - As-tu bien dormi?
    - Je n’en sais rien. Mais si tu veux m’entendre dire que je me suis bien réveillé, il faut me donner un baiser.
    - Tout de suite monsieur!
    Penché sur Florent, Elizia laissa ses lèvres happer les siennes. Il avait d’abord eu l’intention de ne lui donner qu’un baiser très doux, mais dès que leurs langues entrèrent en contact, sa colonne vertébrale s’électrisa et il perdit le contrôle de lui-même.
    Plaquant ses mains sur chacune des joues de son amant, le jeune homme envahit sa bouche d’un baiser brutal, profond, et sensuel. Il avait envie de lui à un point inimaginable, et cela le tuait de ne pouvoir lui faire l’amour avec passion comme il en rêvait!
    Immobilisé par les mains du brun qui enserraient son visage, Florent ne fut surpris qu’une minute par ce débordement de passion, car tout aussi enflammé, il enroula aussitôt ses bras autours de son cou et rendit ses baisers avec autant de force.
    Les lèvres soudées les unes aux autres, tous deux étaient transportés dans cet élan de passion effréné qui ne concernait qu’eux. Ils se sentirent protégés dans une bulle durant un long moment, mais elle finit par éclater lorsque Tessa leur mordilla les oreilles.
    - Je pense que les retrouvailles sont largement consommées petits hommes. Vous blessez Adonis avec un tel comportement, et de plus, vous n’êtes pas seuls. Cessez de jouer les individualistes et revenez parmi nous. Nous avons plus urgent à traiter, et cela ne peut plus attendre.
    Avec un pincement au cœur, les amoureux se séparèrent, et Elizia s’assit lui aussi sur le lit.
    Adonis leur jeta un regard vide.
    - Être assis sur le même mètre carré de tissu que vous deux me tue, mais je n’ai pas le choix. J’ai le regret de vous dire que allez devoir vous passer de petit déjeuner, c’est du temps que nous ne pouvons pas perdre.
    Aucun d’eux ne fit de commentaire.
    - Etant donné, l’échec d’Elizia, oui mon cher, il est visible, je propose de vous donner quelques éléments sur le Maître. Je n’ai pas eu le temps de le faire un peu plus tôt, alors je le fais maintenant, et j’espère que vos oreilles sont bien ouvertes, parce que je ne me répéterais pas.
    Appuyé contre l’une des colonnes du lit, Elizia le soupçonnait de faire de l’esbroufe, et en jetant un regard à Florent, il vit avec satisfaction qu’il pensait de même.
    - Tout d’abord, il faut savoir que le Maître est incapable de communiquer dans les abysses par télépathie et qu’il est sans pouvoir au-delà de sa Chambre qui est en réalité une cellule de la prison dans laquelle il est enfermé depuis des siècles. D’ailleurs, cette Chambre aussi est une cellule. Il ne peut également pas lire les pensées de Tessa ni les miennes. En revanche, il peut sentir notre présence et nos humeurs, même si visiblement, ça n’a pas été le cas pour Tessa aujourd’hui. Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça. Il a bien essayé de nous façonner autrement, mais ça ne fonctionnait jamais, alors au bout d’un moment, il a abandonné. Ce qui n’est pas plus mal.
    Le regard toujours aussi vide, Adonis tourna son visage vers Elizia.
    - Maintenant ce qu’il faut que tu saches Von Waldorf, c’est que celui qui a délivré le message, concernant ton admission dans l’école imaginaire de la Mondrose High School, c’est Belzébuth.
    Ta mère connaissait le vrai nom du Maître, et comme ton père, elle l’a invoqué pour signer pacte avec lui : elle voulait t’échanger toi contre de l’argent et une promesse de renommée. Je pense qu’elle savait à peu près qui il était, mais cela ne l’a pas empêchée de finir tuée de sa main. Sans doute craignait-il qu’elle ne te révèle son nom par inadvertance, ou alors c’est qu’il ne voyait en elle aucune utilité, car une fois sa part du marché accomplie, que lui importait que son invocateur reste en vie ou non? Il valait mieux pour lui qu’elle disparaisse. C’est d’ailleurs sa mort par les flammes qui t’as condamné du même coup à tout perdre. Florent, navré de te l’apprendre de cette façon, mais juste après ton enlèvement, Belzébuth a mis feu au domaine, détruisant du même coup tout ce qui appartenait à Elizia. Vous êtes désormais sans le sous et sans abris. Mais vous avez encore votre amour, il vous tiendra chaud les nuits d’hiver.
    Choquée, Tessa lui donna un coup de queue.
    - Quoi? J’ai tort? Au moins il leur reste ça! Moi je n’ai plus rien.
    - Si idiot! Tu m’as moi!
    Les pupilles bleues du Pantin s’humidifièrent.
    - Oui c’est vrai. Je te demande pardon.
    - Et nous, qui va nous demander pardon?
    Tous trois se tournèrent vers Florent.
    La tête baissée, le jeune gardait les yeux fixement braqués sur ses mains nouées.
    - Qui va nous rendre ce qu’on nous a volé?
    - Florent…
    - Toi ne me touche pas! Pourquoi tu ne me l’a pas dit plus tôt? Pourquoi tu n’as rien dit depuis que nous nous sommes retrouvés? Pourquoi est-ce par lui que j’apprends une nouvelle pareille? Tu es impardonnable Elizia!
    Voir Florent dans cet état lui fendait le cœur.
    - Mon amour, je voulais t’en parler. Mais le bonheur que j’ai ressenti en te serrant dans mes bras le jour où nous nous sommes retrouvés a éclipsé tout le reste. Rien de tout cela n’avait plus d’importance, et d’ailleurs c’est toujours le cas. Tant que tu es avec moi, rien ni personne n’a davantage de valeur que toi.
    Florent renifla.
    - Mais tes titres de noblesse? Et ta richesse, ta demeure? Et tous nos souvenirs dans la cabane et dans les champs? Tout cela n’a aucune valeur pour toi?
    - Aucune. Avec toi, je n’ai pas besoin de titres de noblesse. Je me sens roi dès que tu es près de moi, alors en quoi me seraient-ils utiles? Et une maison ça se reconstruit, une fortune aussi. A nous deux nous nous en bâtirons de nouvelles, qui seront à nous deux, pas seulement à moi. Ensembles, nous reconstruirons notre vie, et les nouveaux souvenirs en feront partie. Ne t’en fais je n’ai pas oublié les anciens, c’est juste que je n’ai pas besoin de lieux pour me souvenir de que toi seul m’évoque.
    Florent allait répliquer, mais Adonis lui coupa l’herbe sous le pied.
    - C’est un bien joli discours Elizia, mais nous n’avons pas le temps pour les jérémiades dégoulinantes de romantisme. Vous aurez tout le loisir de vous faire des mamours plus tard. Te souviens-tu de tes anciens camarades Norman Storm, Gauthier de la Claie, William Ferguson, et Daniel O’Connel?
    Elizia secoua la tête. Adonis leva les yeux au ciel.
    - Évidemment que non! Le contraire m’aurais étonné, alors laisse-moi te rafraichir la mémoire. Votre première rencontre a eu lieu lors du banquet qui devait célébrer l’arrivée des étudiants dans l’école, et tous les cinq avez été convoqués dans la bibliothèque personnelle du Maître pendant que le reste de vos camarades étaient plongés dans un sommeil superficiel. Là, il vous a présenté les uns aux autres, prétendant vous avoir choisi parce que vous possédiez en vous un potentiel exceptionnel. Une mensonge qui n’en était pas tout à fait un étant donné ce que sont devenus les quatre autres élus.
    Au fur et à mesure qu’il parlait, Elizia revoyait de plus en plus précisément la scène à laquelle Adonis faisait allusion. Il trouvait étrange de se souvenir d’un tel moment, mais il n’oubliait pas ce qu’il avait ressenti à cet instant : de la peur, de l’humiliation, de la colère, et de l’angoisse. S’il avait su où tout cela l’amènerait, il aurait fui en courant.
    - Il me semble que le Maître t’a parlé des Eléments. Et bien ces quatre jeunes hommes étaient ces Eléments, ou du moins, ils étaient leurs enveloppes charnelles jusqu’à ce que le Maître ne les réduise en charpie et n’accroche leurs Essences dans son sous-sol. Et ne me demandez pas ce qu’il compte faire d’elles, je n’en ai pas la moindre idée!
    - C’est affreux.
    Le Pantin haussa les épaules.
    - Réjouis-toi de n’être que son Réceptacle. Autrement, il te serait arrivé bien pire. Tessa ma douce, si tu leur expliquais la provenance de leurs rêves érotiques?
    La Songeuse battit l’air de sa queue.
    - Lors de votre arrivée ici, vous avez sûrement remarqué que vos rêves n’étaient pas ceux de d’habitude n’est-ce pas?
    Elizia et Florent hochèrent de la tête.
    - Sachez que vous n’avez pas été les seuls à en faire. Tous les nouveaux arrivants finissent par en être victime un jour ou l’autre. L’influence du Mondrose sur les esprits humains peut se montrer parfois très perturbante, car elle fait ressortir en rêve les désirs les plus enfouis. C’est assez déstabilisant pour les non-initiés. D’ailleurs, nous les Songeurs évitons de dormir près des Roses, elles perturbent bien trop notre sommeil.

    ***

    Déboulant comme un dément dans son antre, Belzébuth s’affala sur son lit de pierre et hurla sa rage sans discontinuer. Il s’interrompait pour reprendre son souffle lorsque Alouqua posa une main réconfortante sur son épaule. Il murmura d’une voix grondante :
    - Je me suis trompé ma douce. Encore une fois. J’ai eu tort de croire qu’un être tel que lui pouvait être mon ami, en réalité ce n’est qu’un traitre! Si tu savais ce qu’il a enclenché, tu ne me croirais pas!
    - Quoi donc mon Prince?
    - Une Conception! Avec un être humain mâle de surcroit!
    Il s’attendait à une exclamation outrée de la part de sa femme, mais ce fut une voix au timbre plus posé qui lui répondit.
    - Une telle folie ne m’étonne même pas! Je t’avais pourtant prévenu que ce démon de second rang était une menace pour nous tous. Mais tu ne m’a pas écoutée et tu as continué à le défendre! Entre temps, ce malade est parvenu aussi loin dans ses plans, nous mettant tous dans de beaux draps! Voilà ce qu’il en coûte aux enfants lorsqu’ils n’écoutent pas leurs parents!
    Surpris, le Prince se redressa d’un bon.
    - Oh, Mère! Vous êtes là…
    - Oui je suis là. J’étais venue vous rendre une petite visite, mais ne voyant que ma bru je me suis résignée à repartir…quand tu as débarqué tel un boulet de canon.
    A tête baissée sur ses grandes griffes, le Prince n’avait pas bonne mine. Il bouillonnait de colère, et ne savait pas comment s‘en débarrasser sans détruire la galerie où il avait élu domicile. Il avait joué le fier devant Idalgo, mais lui hurler dessus et le maltraiter de cette façon lui avaient fait plus de mal que toutes les insultes dont il avait été abreuvé toutes ces années. Il savait d’ailleurs qu’il n’avait aucune raison de s’en vouloir, mais c’était plus fort que lui, les restes de son ancienne amitié primaient sur sa haine, et c’était pour cette raison que le moindre de ses muscles était raidit par la colère!
    - Cet enfoiré mijote bel et bien quelque chose Mère, mais je n’ai pas réussi à savoir quoi. Il a su résister avec aisance à mon pouvoir, même à son summum! Et puis tous ces mystères sur ce qui se trouve derrière ces portes que l’on ne peut ouvrir, et cet humain qui survit au Léviathan…Je n’ai pu lui soutirer aucune information!
    Soucieuse de l’état de santé de son époux, Alouqua posa une main sur son front.
    - Nous devons le mettre hors d’état de nuire.
    - Oui je suis d’accord. Mais il ne faut pas le tuer avant qu’il n’ait révélé tous ses secrets. C’est pourquoi je ne l’ai pas fait. Vous imaginez? Et si quelqu’un d’autre prenait la relève après sa disparition? Ou que quelque chose se déclenchait si on le tuait! Nous disposons de bien trop peu d’informations pour l’éliminer définitivement. C’est à s’en taper la tête contre les murs!
    - Ne le faites toutefois pas trop fort Belzébuth. Pour y perdriez vos cornes.
    Tous les trois sur le qui-vive, la Reine-Mère, Belzébuth et Alouqua se tournèrent comme un seul homme vers le lieu d’où provenait la voix.
    - N’ayez pas peur, je ne suis là que pour parler.
    L’esprit flottant dans une petite bulle de lave en fusion, Paélia se tenait devant eux, majestueuse et plus étincelante qu’une étoile dans un ciel sans Lune.
    Les sourcils froncés, les démons demandèrent d’une même voix:
    - Que fais-tu ici?
    - Rien qui n’incite à la haine. Nous avons en commun le même ennemi, et c’est pour cette raison que je suis venue jusqu’à vous. J’ai cru comprendre que vous vouliez monter un plan pour le vaincre, je vous prierais cependant de ne rien en faire. D’autres s’en chargent déjà.
    - Comment cela? De quoi parles-tu?
    - La révolution est en marche dans la prison du Mondrose. Les Pantins et les prisonniers de l’incube se sont alliés pour causer sa perte. J’ai moi-même chargé l’un d’entre eux d’obtenir son vrai nom. Sa mission ne date que de quelques jours, mais je pense que je peux lui faire confiance. Je sais que vous pensez que ce plan est absurde et qu’il est voué à l’échec. Mais cet humain est le seul à pouvoir y parvenir, et une fois que ce sera fait, contrôler ce démon ce sera plus qu’une formalité.
    Convaincue à demi, le Reine consulta son fils et sa belle-fille du regard.
    - Tu parais bien sure de toi Gardienne. Mais peut-on réellement te faire confiance?
    - Je n’ai rien pour vous prouver mes dires. Néanmoins, vous pouvez toujours leur rendre visite dans la Chambre Bleue. Et souvenez-vous, ne faites rien avant que je ne vous en donne le signal!
    Sur cette dernière parole, Paélia laissa sa bulle éclater, laissant les démons entre eux.
    Alouqua fut la première à demander tout haut ce qu’ils pensaient tout bas :
    - Alors qu’est-ce qu’on fait?
    Belzébuth posa sa tête sur ses genoux. S’accordant une minute de réflexion.
    - Je pense qu’il faut marcher avec elle. Paélia est d’un autre bord que le nôtre, mais comme nous, elle tient à l’équilibre du monde. Nous ne sommes pas obligés de lui faire confiance - d’ailleurs, qu’est-ce que la confiance dans notre monde à part la meilleure façon d‘arnaquer quelqu‘un? -, mais contrecarrer ses plans n’a aucun intérêt pour nous. Si le maitre triomphe parce que nous avons été trop fiers pour suivre la voie du bon sens, alors personne ne gagnera et tout finira détruit ou dans une guerre sans fin qui déchirera les entités bénéfiques et les démons. Bien sûr, nous démons désirons le pouvoir plus que tout autre chose, mais si nous risquons de tout perdre, je ne vois pas où est l’intérêt.
    La Reine eut un rire ironique.
    - Alors quoi? Le bien et le mal vont s’allier pour garder l’équilibre du monde envers et contre tout? Ce genre de chose ressemble à un conte de fée. C’est vraiment n’importe quoi!
    - Oui peut-être. Mais c’est aussi le début des hostilités. Nous devrons être prêts.

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  • Commentaires

    1
    loysia
    Mardi 7 Avril 2015 à 20:55

    j'ai adoirer j'attend de voir ce qui va suivre avec hate desole de pas avoir laisser de message plus tot mais je finissais de lire vers deux heure du mat et j'avais plus le courage j'ai tout lu en 3 jours avec une nette preference pour le debut ca dois venir de mon cote pervers et du fait que j'aime pas voir une bonne histoire prendre fin
    pour resume t'es super doue continue

    2
    lyhrra
    Mardi 7 Avril 2015 à 20:56

    Vivement la suite !!!
    Je détesterai être aimée par un incube comme le maître !!!!!
    Je plein Elizia mais en même temps c'est marrant de le voir se faire torturer... ( Ouh ! la sadique ! --' )

    3
    gallou
    Mardi 7 Avril 2015 à 20:57

    je viens de lire ton histoire
    et elle est genial
    j'adore
    j ai hate de voir la suite et que va t il se passer pour elie et le bebe sur tout et florent ^^
    merci pour cette histoire ^^

    4
    cyssi87
    Mardi 7 Avril 2015 à 20:58

    Je viens de lire les 27 chapitres sans m'arrêter.
    J'aime beaucoup cette histoire, mais aussi ton style.
    C'est fluide, simple et sans fautes.

    Je ne suis pas vraiment attirée par les histoires longues (plus de 20 chapitres) car le plus souvent je tombe dans l'ennui.
    Mais à travers tes chapitres, tu as su maintenir de l'intéret.
    Chaque chapitre apporte de nouvelles données.
    Et ça c'est que j'apprécie le plus.

    J'avais peur que Florent rejette Elizia, mais non.

    J'ai vraiment hâte de pouvoir lire la suite.

    (en espérant que ce commentaire arrivera à bon port ^^)

    5
    Leshaya
    Mardi 7 Avril 2015 à 20:59

    Ouuuuuh, ça promet, on touche au but!

    (YEEEESSS j'ai enfin rattrapé tout mon retard! smiley_id172957 Pour la peine je vais mettre du smiley qui fait la danse de la joie (une fois n'est pas coutume; t'auras un commentaire pourri d'images Rire )
    smiley_id117950smiley_id118658smiley_id118699smiley_id198961smiley_id218107smiley_id1982554smiley_id2007627smiley_id118882smiley_id147757smiley_id147765smiley_id150760smiley_id239906Fillette

    Voilà voilà... (bon ok je pars maintenant)

    (oui c'est bon! smiley_id118878 mais j'espère (pour toi héhéééé) que j'aurais plus jamais autant de retard hein! Bon c'pas l'tout, mais maintenant je peux redire que je fais partie des gens qui ATTENDENT la suite (non je rigole c'est bon, je suis pas relou à ce point, ce serait vraiment abusé et je mériterais de servir de repas à Belzébuth. (mais avec un peu de ketchup alors steuplé.)))
    (est-ce que j'ai mis toutes les parenthèses? Je ne sais plus. (j'ai abusé je crois))
    (ça se voit que je suis fatiguée ou bien...?)
    (en fait j'ai passé mon permis genre A L'AUBE lundi matin donc je suis fatiguée et puis j'attends le résultat, je croise les doigts, les orteils, les bras, les cheveux, les jambes, les baguettes... Je croise quoi.)

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