• Chapitre 30.2

    Partie 2.

    D'abord doucement secoués par un mouvement venu du sol, aucun d’eux ne compris tout de suite qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. Mais bientôt les secousses se muèrent en d'effrayants déplacements de terrain qui libérèrent la voie à des pics rocheux d'une hauteur et d'une puissance destructrice phénoménales. D'une croissance constante, ils jaillirent brusquement hors du sol et séparèrent la pièce en maints et maints parties, projetant des éclats de bois, de pierre et de terre en tous sens, renversant meubles et êtres vivants, creusant de multiples failles qui sous leur expansion écrasante, se firent plus profondes encore jusqu'à en devenir des cratères, puis des crevasses, et enfin de minuscules volcans déjà fumants. Et comme les stalagmites de pierre déchiquetée poursuivaient leur incessante progression vers le ciel, le plafond lui-même ne fut plus suffisant pour leur faire barrage, et le plâtre et la brique qui le constituaient furent rapidement transpercés par leurs sommets acérés. Ainsi fragilisée, la voûte fini par se déliter par plaques de matière entières, provoquant au fur et à mesure de sa destruction une averse poussiéreuse de débris lourds, pointus et mortels.
    Sous cette menace meurtrière qui mettait en danger la vie de ses protégés déjà gravement blessés, Paélia, qui ne souffrait aucunement sous ce déluge de par son corps immatériel pétri d'air et de lumière, agit plus rapidement qu’un battement de cil pour tous les mettre à l’abri sous son pouvoir -auquel elle donna la forme d’une boule brillante et compacte qu’elle effila ensuite pour créer autour de chacun d'eux un cercle de lumière protecteur et solide, capable de résister aux impacts, et d'agir comme un baume réparateur sur leurs blessures dégoulinantes de sang -, avant que les reliefs d'enduit blanchâtre ne s’abattent sur eux en pluie continue.
    Lorsqu'elle quitta du regard les corps qu'elle protégeait, elle croisa celui, si glacial du Maître et eut le déplaisir d'y lire la plus grande manifestation de malfaisance qu'elle n'ait jamais vu.
    Et manifestement, son expression dégoûtée dû l'amuser, car en posant les yeux sur elle, l'incube eut un rictus.
    - C'est ça Paélia! Protège-les! Protège donc tous ces agneaux de moi, de mon pouvoir, et de ma colère, mais sache que c'est inutile! Quoi que tu fasses, vous irez tous à l'abattoir! Et je serai celui qui vous y enverra!
    Puis écartant les bras d'un geste théâtral, il éclata d'un rire démentiel avant de psalmodier son ordre d'une voie gutturale :
    - Par l'Eau, le Vent, le Feu, et la Terre! Que les Eléments du Tout me répondent et m'obéissent! Venez à moi mes frères et ployez devant moi! Détruisez tout jusqu'à complet anéantissement! Venez à moi et obéissez! Car je suis votre maître et je vous l'ordonne! OBEISSEZ!
    Sur cette dernière injonction, les nuages au dehors qui obscurcissaient les cieux depuis des jours au-dessus du Mondrose et plus loin encore, s'animèrent, semblant tout d'un coup être dotés d'une vie propre, et se déchainèrent sous les pouvoirs décuplés du Maître. Emplis d'éclairs violents, orageux et cruels, ils s'amoncelèrent activement sur les toits du Château en un épais plafond bas, lourd d'électricité, d’une pluie non pas faite d‘eau mais de braises à la chaleur de fournaise mêlées d’un feu destructeur - qui embrasait tout ce qu'il touchait, empuantissait l'air d'une fumée âcre et étouffante, répandait partout la cendre et la chair calcinée -, et d'une noirceur d'ébène oppressante, menaçante et porteuse d'angoisses.
    Sous ce brusque changement climatique se mit à gronder le tonnerre qui zébra le ciel de sa présence blanche et bleue, et sur la terre desséchée s'abattit la foudre meurtrière. Des fissures se formèrent dans la poussière sous leurs coups brûlants, scindant les espaces calcinés en deux, donnant naissance à des crevasses bouillonnantes de lave de plusieurs kilomètres de profondeur, et à des cavités immensément grandes et fumantes. Le vent quant à lui, se leva dans un tourbillon d'une incroyable violence et fondit sur la mer et les terres tel un rapace affamé. Mêlant son essence volubile aux leurs, intenses et compactes, il créa avec la mer des trombes d'eau à l'aspect inaltérable qui s’élevèrent au-dessus des falaises en balayant tout sur leur passage, et avec les sédiments, provoqua d'effroyables tempêtes de poussières irritantes chargées d'une redoutable caillasse faite de minuscules gravillons acérés.
    Elevée de force par les pouvoirs décuplés de l'incube, cette formidable puissance de la nature, aussi grandiose qu'elle était laide, aussi merveilleuse qu'elle était terrible, déferla en masse et se déchaina au dehors comme un fauve relâché en pleine nature après une trop longue captivité. Effrayante et indomptée, enflammée et frondeuse, elle se défoula sur les terres arides et calcinées, sur les murs fragilisés du Château qui s'effondraient et brûlaient par pans entiers, et sur ses toits déjà défoncés par les pics de roche brute qui les écartelaient depuis les tréfonds du Néant.
    Ce déferlement spectaculaire et somptueux qui fondait sur eux leur donna à tous des sueurs froides. Toujours allongés par terre dans les cercles de lumière réconfortante qui les protégeait, Florent et ses compagnons en souffrance avaient tous le même regard - hanté, impuissant, et terrifié -, et tous le gardaient braqué sur Paélia. Sans l'avouer à haute voix, chacun d'entre eux aspirait fébrilement à ce qu'elle agisse et mette un terme à cette effarante explosion naturelle qui menaçait de les tuer tous. Car après tout, ne leur était-elle pas revenue afin de les protéger? de les sauver?
    Ce fût hélas une question qui resta sans réponse, car à ce même l'instant, une grande clameur s'éleva de nulle part et fondit sur eux, envahissant la pièce et les cœurs d'un voile d'angoisse aussi perçant et douloureux qu’une épine, annonçant ainsi l'éveil des Appelés - des êtres bien plus redoutables, terrifiants et maléfiques qu'il n'était possible d'imaginer -, qui reprenaient vie dans deux endroits bien précis et redoutés du Château.
    La salle de banquet et le hall aux huit portes.
    De telles sensations leur furent à tous bientôt insupportables, et tandis que l'incube riait de leur lamentable état de faiblesse à gorge déployée sous le regard haineux d'une Paélia désespérément immobile, ils réalisèrent, totalement paniqués, que l'ouragan qui s'ébattait au dehors ne représentait pas le danger qu'ils devait craindre le plus, mais seulement les prémices de quelque chose d'autre, qui s'annonçait être bien pire encore que tout ce qu'ils avaient pu voir jusqu'ici.
    Et alors que chacun tentait de ne pas penser à ce qui risquait de se produire de plus horrible, un déchainement de cris libérateurs, de rires démoniaques et de hurlements, déferla dans le silence déjà troublé par les fracas des éléments extérieurs, les réduisant tous à l'état de corps tremblants et frissonnants de terreur.

    ***

    Désormais libérés des Charmes d'Enfermement et d'Assoupissement Eternel qui leurs avaient été jetés par des forces bénéfiques des millénaires plus tôt, et qui les destinait tous à un sommeil éternel, les Entia Tenebris renaquirent dans le tumulte et l'agitation.
    Ankylosés d'avoir sommeillé si longtemps entassés dans diverses positions toutes plus recroquevillées les unes que les autres, Occultes - chauves-souris à moitié gorgones - et Harpies, Furies et Succubes, Lamies et Vampires, prirent d'abord le temps, malgré leur allégresse, de déplier leurs ailes, membres, excroissances, et autres extrémités articulées, avec précaution avant de se redresser, vacillants, dans la prison de pierres froides et humides dans laquelle ils avaient passé une grande partie de leur existence. Mais une fois qu'ils furent plus assurés dans leurs mouvements, les murmures et les éclats de rire se multiplièrent, s'élançant tous en même temps dans les airs, s'amoncelant en échos de plus en plus sonores contre les parois rocheuses.
    « Qui donc nous a libérés? »
    « A qui devons-nous allégeance? »
    « Notre bienfaiteur doit être très puissssssant! Par sssssson pouvoir, il put lever la malédiction! »
    « Je veux sortir! Je veux sortir! »
    « Où est donc la sortie? N'y a-t-il donc pas de sortie? Nous aurait-on réveillés pour ne pas nous libérer? »
    « Quoi? Tu crois que ce serait une nouvelle torture? »
    « Qui sait? Après tout, n’y a-t-il pas pire torture pour un prisonnier que d’être éveillé d’un rêve où il possède la liberté pour se retrouver face à une promesse de liberté qu’il ne peut finalement pas atteindre? »
    « Où est la sortiiiiiiiiiiiiiiie! »
    Le rythme des conversations et des exclamations enflait et allait bon train, prenant de l'ampleur au fur et à mesure que les démons s'éveillaient et s'excitaient, lorsqu‘un « chut » impérieux d'un de leurs congénères retentit et les interrompit tout à fait.
    « N'entendez-vous pas donc pas cela? »
    A cette question, tous étudièrent le silence et perçurent ce que l'un d'eux avait entendu :
    « Mes frères... Mes sœurs... Mes semblables... Venez à moi... Venez, et je vous récompenserai... »
    Grisés par le pouvoir de la voix susurrante et par la puissance de l'appel, tous voulurent lui obéir, mais un seul lui répondit :
    « Oui, mais comment faire pour sortir d'ici? »
    « Creusez la terre meuble au-dessus de vous... Percez le bois... Brisez les dalles... Et vous serez libres... »
    Les visages plongés dans l'obscurité s'éclairèrent de sourires mauvais, crochus, dentus, et sur la simple poussée de leurs pattes, jambes, ailes et queues visqueuses, les êtres des ténèbres prirent d'assaut le dôme qui les surplombait et commencèrent à le creuser furieusement, obéissant avec une dévotion aveugle à leur nouveau maître.

    Et tandis qu'une flopée de démons, assoiffée de liberté et de chair savoureuse, creusait le sol de la salle de banquet où dînait tristement plus d'une cinquantaine d'élèves, et qu'à l'insu de ces faibles humains, ce qui avait revêtu l'apparence de professeurs et de domestiques durant presque une année, reprenait sa forme corvidé initiale, six ombres traversèrent brièvement le hall sans faire aucun bruit. S'extirpant gracieusement de derrière six des huit portes qui ne menaient ni aux chambres, ni aux salles de classes, les silhouettes mouvantes se mêlèrent rapidement à l'obscurité du Néant qui leur tendait les bras, impatientes de répondre à l'appel qui les attirait irrésistiblement vers leur frère, leur autre moitié.
    « Venez à moi » leur disait-il.
    Et c'est ce qu'elles firent.

    ***

    La scène qui se déroula alors dans la salle de banquet fut un véritable carnage.
    Car comme il est aisé de l'imaginer, les démons nouvellement réveillés et affamés de vie comme de liberté après avoir stagné durant plus d'un millénaire dans un profond sommeil mêlé de poussière et d'oubli, ne mirent pas longtemps à venir à bout de la plateforme qui les maintenait prisonniers, et à envahir la salle à manger comme le reste du Château de leur immonde présence.
    Dès lors, exposés et pris par surprise, les jeunes élèves paniquèrent, hurlèrent de terreur et d’incompréhension, s’éparpillèrent dans tous les coins en cherchant à fuir, révélant par là même, une vulnérabilité affolante qui eut tôt fait d’exciter les instincts chasseur des Entia Tenebris, qui sans hésiter une seule seconde, fondirent sur eux d'un seul bloc.
    La chasse à l’humain ainsi ouverte, les démons se ruèrent dans les couloirs en fracassant les sols et les murs, traversant les étages, déchiquetant et dévorant les élèves qui se trouvaient sur leur chemin, rependant le sang et l'horreur autour d'eux dans une avalanche de rires gutturaux et sordides. Des Chiens des Enfers ainsi que des milliers d'autres créatures innombrables et bannies depuis des siècles par d'anciennes puissances oubliées, furent libérées des profondeurs du Néant et se joignirent à cette cohorte hurlante, ajoutant à leurs chants macabres, leurs aboiements affolés, leurs grognements sourds et leurs cris et crissements stridents.

    La terreur et la mort qu'ils semèrent parmi les humains faibles et sans défenses furent apocalyptiques, et plus de la moitié d'entre eux péri sous les griffes, les coups de dents ou de crocs, avant de disparaitre, engloutie, au fond d'un estomac vide depuis bien trop longtemps.
    Quelques survivants réussirent cependant à fuir la grande salle, blessés pour la plupart, épouvantés pour la totalité, courant à toutes jambes dans les interminables couloirs, avalant les marches quatre par quatre, se dissimulant fébrilement dans des recoins minuscules, surélevés, et dénués de lumière afin de sauver leurs vies, s'obligeant douloureusement à reprendre leur souffle sans faire de bruit malgré les points de côté et les crampes qui leur meurtrissaient les membres, s’interdisant de laisser échapper le moindre sanglot par peur d’être entendus puis dévorés, laissant glisser sur leurs joues des larmes d’un désespoir plus poignant encore que la peur.
    Priant les cieux pour qu’enfin, enfin, quelqu’un vienne les sauver.

    ***

    Et tandis qu’à l’intérieur se produisait la plus horrible des bacchanales sacrificielles, la nature au-dehors continuait son travail de destruction.
    De nombreux murs s'effondraient par pans entiers et simultanément au sol comme dans la mer déchainée. Les toits des tours, déjà bien fragilisés par le gravier charrié par le vent de la puissante tempête qui sévissait au dehors, s'effritaient considérablement sous d’énièmes sessions de tremblements de terre plus violentes les unes que les autres. De l'eau et de la cendre s'infiltraient activement par les immenses failles qui lézardaient les murs, formant presque des cascades dans les escaliers et des ruisseaux boueux entre les étages, menaçant de transformer le tout en un répugnant marécage. Attaquées par la pluie de feu et de braises qui harcelait l'immense bâtisse désormais en ruines, des chambres brûlaient allègrement, leurs meubles magnifiques ayant pris feu, ainsi que certains de leurs propriétaires que des lits enflammés avaient pris au piège durant leur sommeil.
    Les hurlements de douleur des malheureux et les grincements monstrueux du monument en ruines, parvenaient à Florent et ses compagnons d’infortune malgré la distance dans les étages, et c’est recroquevillés sur eux-mêmes de douleur pour les uns, de stupéfaction mêlée de terreur pour les autres face à de telles horreurs, qu’ils tentaient vainement d’endiguer l’étouffant sentiment d’angoisse qui les étreignait tous depuis que les rires malfaisant leur étaient parvenus. Le souffle court et l’estomac noué, tous avaient des difficultés tant pour respirer que pour réfléchir. Et alors qu’ils luttaient contre l’invisible, qu’ils pensaient en avoir vu plus qu'il ne leur était possible d’en voir, une sorte de dépression fit onduler l'espace, et donna naissance à une multitude d'ombres qui surgit du plafond dans un concert crissant de caquètements macabres.
    Enfin libérés de la prison où ils sommeillaient depuis plus d'une centaine de millénaires, les Entia Tenebris s'extrayèrent de l'obscurité pour bondir et s'étendirent dans toute la pièce, bondissant dans tous les coins de la Chambre Bleue telle une armada de créatures immondes tout droit venues des pires cauchemars de l'humanité, étouffant le moindre espace de leur présence putride, cernant tous les résidents opposés à l'incube, transformant les lieux autrefois si paisibles en un piège redoutable.
    Faisant cercle autour du Maître, les esprits des ténèbres se tinrent courbés, soumis à l’autorité de celui qui leur avait rendus la liberté, vénérant chacun de ses pas, et lui jurant dans un chœur étrange et lugubre, loyauté sans faille et fidélité éternelle.
    - Ainsi tu es notre maître. Tu es celui qui nous a libérés, qui nous a arraché à l’obscurité. Tu as veillé à notre nourriture, et tu as apaisé notre faim. Nous devons dès lors la plus infinie reconnaissance. Nous sommes à toi, comme tu es à nous. Longue vie à toi, à ton règne, et à ta puissance!

    L’écho des murmures sifflants provenant des multiples échines courbées commençait tout juste à s’estomper - noyé dans le vacarme qui sévissait aussi bien dans la pièce en pleine phase de destruction qu’au dehors -, lorsque six silhouettes, dont deux d’aspect immense et incroyablement difforme, surgirent en file indienne, avec plus ou moins de grâce, d’entre les vestiges de ce qui avait récemment été la porte d’entrée de la Chambre, et qui ne ressemblaient désormais plus qu’à une bouche glaciale, béante et pleine de néant, faisant face à la Horde Démoniaque et aux blessés enroulés sur leurs corps mutilés.
    Au sourire triomphant que l'incube afficha tandis que son regard brillant se posait sur elles, Florent et ses compagnons, de plus en plus immergés dans une mer d’angoisse si épaisse qu’elle aurait pu être découpée au couteau, surent avec la plus pure des certitudes que ce n’était pas ce qu’ils avaient vu ni vécu jusque-là qui méritait d’être qualifié de pire, mais ce qui s'avançait irrémédiablement vers eux.
    Car à leurs yeux de victimes terrifiées désirant être rassurées, ces créatures d'apparence globalement humaine semblaient insignifiantes comparées à toutes les horreurs diaboliques qui les entourait. Mais c’était justement là que résidait le piège, car rien ne s'éloignait davantage de la vérité que de s’arrêter à leur allure relativement inoffensive. Chacun des êtres présents dans cette pièce pouvait sentir à quel point l’étendue de leurs pouvoirs était immense, et l’ignorer serait faire preuve d’une stupidité sans nom. Ceux qui les rejoignaient représentaient tout le danger qu'ils devaient craindre, et ils recelaient en eux une source de pouvoir que tous sentaient dans leurs entrailles, et qui les faisait déjà trembler d’effroi.
    Son beau regard vert agrandi par la peur et fixé sur les êtres qui avançaient avec une certaine grâce, Florent tenta de voir à travers l’obscurité afin de distinguer quelque chose. Mais il avait beau écarquiller les yeux et battre des paupières, il n’aperçut rien d‘autre que de vagues silhouettes.
    Qui ou qu’étaient donc les créatures qui approchaient?

    Avec l'orage surnaturel qui avait couvert le ciel et l'astre solaire, la pièce était plongée dans une obscurité mitigée, parsemée de recoins d'un noir d'encre, d'éclairs fugaces et de larmes rougeoyantes, qui empêchait de distinguer nettement ce qui s'approchait lentement d'eux. Mais au fur et à mesure de leur progression, les contours des ombres se précisèrent, laissant, l'espace d'un éclat de lumière, deviner des formes de corps vaguement humains dotés de longs cheveux sombres et d'un physique du genre masculin.
    Les blessés en étaient tous à plisser les yeux pour essayer de mieux voir malgré leurs halètements, lorsque d'un geste de la main, le Maître donna vie aux flammèches d'un demi-millier de bougies - qui illuminèrent simultanément les quatre coins de la Chambre, révélant brutalement les visages des six êtres en mouvement auparavant dissimulés par l’obscurité -, et prit la parole, sa voix teintée d’accents insolemment sensuels, s’élevant entre les lumières.
    - Et bien. A vous mes pions qui cherchez depuis longtemps à savoir ce que je suis afin de pouvoir mieux me détruire, laissez-moi vous présenter mes frères. Ainsi vous saurez également qui recueillera vos derniers souffles, alors admirez vos maîtres et reconnaissez votre insignifiance! Avaritia, avance-toi!
    Le premier en tête de file s‘avança donc, rabattant son capuchon et se révélant enfin en pleine lumière. Vêtu de guenilles rapiécées et pourtant couvert de la tête aux pieds de pièces d'or de tous horizons, il montait Mammon, son démon - pourtant capable de modifier son apparence à loisir, mais qui avait choisi de se montrer sous sa forme la plus hideuse - dont le corps d’une hauteur irréelle était truffé d'énormes ventouses tentaculaires et troué de fentes luisantes qui ne cessaient de cracher d'immondes vagues de chaleurs nauséabondes. Ils étaient à la fois beauté et richesse, laideur et afflictions, ils incarnaient l'avarice dans toute sa laideur, mais aussi la richesse dans toute sa splendeur.
    - Invidia!
    Le représentant vivant de la jalousie et de la convoitise - désir et volonté de s’approprier le bien d‘autrui par tous les moyens et à tout prix -, s‘approcha à son tour en imitant le premier de ses frères. Son imposante stature chevauchait le Léviathan, terrifiante et gigantesque créature de cauchemars aux allures de serpent de mer - dotée d’une redoutable épine dorsale hérissée de piques empoisonnées, de pattes reptiliennes supportant un corps sinueux couvert d’écailles acérées, et d’une peau noire sentant la mort car parsemée de traces de putréfaction - sortie des flots impétueux de la mer située de l'autre côté du domaine.
    - Ira, Superbia! Montrez-vous!
    Lorsqu’ils s’avancèrent, tous deux se montrèrent plus discrets que leurs prédécesseurs. Le roi des démons qui les possédait - dont les noms étaient multiples mais dont les plus connus étaient ceux de Satan ou de Lucifer - étant occupé ailleurs, les incarnations de la colère et de l'orgueil ne purent parader à ses côtés. Mais si à leur approche, rien de visible ne se produisit, comme pour toutes les émotions, leur influence fut insidieuse et perverse. Sans que rien ne l’arrête, elle se propagea sous la forme de frissons porteurs de violence qui envahirent les corps, et de vagues nées de la plus pure noirceur de l'orgueil qui firent fondre la pureté des cœurs, manquant de provoquer l’asphyxie de leurs propriétaires déjà plongés dans les pires angoisses de leurs esprits torturés.
    - Gula, mon cher!
    Si la colère et l’orgueil avaient été discrets, voire presque invisibles, Gula en fut leur plus complète antithèse. Déboulant dans la salle comme un troupeau de buffles en train de charger, le péché de gourmandise se fraya résolument un chemin parmi les piques de roche brute et les occupants de la chambre jusqu'à atteindre Belzébuth. Une fois devant lui, Gula leva la main et d'un geste, amena à lui le démon qui était par essence même, son identique. Un instant désarçonné par la surprise et la douleur, le prince ne réagit pas immédiatement, et cette d’hésitation lui fut fatal. Car alors qu’il reprenait ses esprits et tentait de lutter, malgré ses blessures, avec toute sa volonté et toute sa détermination contre la terrible attraction qui le poussait à embrasser sa nature et à rejoindre l'ennemi, Gula se pencha sur lui et commis l’irrévocable : posant ses lèvres sur les siennes, la gourmandise referma par ce procédé le sortilège sur la totalité de l’être physique et psychique de son démon, scellant ainsi l’assemblement de leurs deux moitiés, les mêlant de manière si originelle que tuer l‘un, serait tuer l‘autre.
    Ravit alors par ce spectacle qui n‘était dramatique que pour ceux qui se trainaient à terre, le Maître éclata d’un rire victorieux qui en amena un autre, puis deux autres, et ainsi de suite jusqu‘à ce que tous se retrouvent à rire à l'unisson, fiers, et toute gorge largement déployée, savourant ainsi leur triomphe.
    - Merci mon Prince de t’être soumis avec tant de facilité! Voici qu’enfin le dernier obstacle est levé! Vraiment merci de nous donner si facilement accès à la victoire! C‘est vraiment trop d’honneur! D’ailleurs nous ne sommes pas encore au complet! Acedia, joins-toi à nous!
    Cédant alors à l’appel de son frère, la paresse, présence silencieuse au milieu du raffut, daigna se dissocier d’un pas lent et majestueux de l'obscurité où elle se prélassait, tandis qu'elle avançait vers le cercle formé par ses frères. De par son expression, n’importe qui aurait pu croire qu'Acedia s'ennuyait, mais c'est en voyant ses yeux brûlants d'une victoire féroce qu'on réalisait son erreur. D'autant plus qu'à son côté, Belphégor, immense entité noir et encapuchonnée de bure ténébreuse, irradiait de cette fierté malsaine qui démentait les apparences et décourageait la méprise.
    Asmodée, rayonnant d’une joie folle, féroce, et si malsaine qu’elle irradiait telle une aura, se tourna vers ses frères et les observa tour à tour avant de prendre la parole.
    - Mes frères! Enfin vous voici à mes côtés. Tous! Enfin nous voici libres! Libres d’agir à notre guise! Bien davantage que nous ne l’avons jamais été en plus de six milliards d’années! Voyez-vous comme j’ai accompli nos plans avec perfection? Avec quel art je vous ait menés jusqu’ici? J’ai respecté ma parole, désormais vous ne pouvez plus douter de ma force. Admirez.
    Levant devant son assemblée un poing serré et scintillant d’une douce lumière verte, le Maître donna un aperçu de ses pouvoirs décuplés, montrant à quel point il régnait de lui-même. Son corps avait eu suffisamment de temps pour ingérer le pouvoir des cocons et lui donner la capacité d’incorporer Luxuria en chacune des fibres de son être, permettant ainsi l’amalgame des deux corps qui avaient toujours constitués la luxure : par le démon et par le péché.

    Le voyant s'approcher à grands pas des nouveaux venus, au fur et à mesure qu’ils s’avançaient, pour les prendre tour à tour dans ses bras et les serrer contre lui avec toute la chaleur d'un être séparé de ses proches depuis de longues années, Florent fut frappé par leurs ressemblances. Il prit alors pleinement conscience que ces êtres pouvaient se comporter comme ce tortionnaire ou même pire - autrement dit qu’ils étaient potentiellement capables de leur infliger, à lui comme à ses compagnons d’infortune, des sévices et des tortures mille fois plus insupportables que l’incube -, et la peur le cloua littéralement sur place. Si tous étaient aussi fous et tordus que lui, comment allaient-ils tous se sortir vivant de cette impasse? Ils avaient réduit Belzébuth à l’état de bête féroce et affamée de vies innocentes avec un simple baiser, alors que resterait-il d’eux tous s’il prenait l’envie à ces créatures de jouer avec leurs corps?
    Rendu fébrile et transpirant par de telles pensées, Florent finit bientôt par perdre sa concentration ainsi que le peu de contrôle qui lui restait. Ainsi dépouillé du fragile équilibre qu’il était durement parvenu à instaurer entre son esprit et les forces qui tétanisaient son corps, Florent n’eut plus aucun moyen de lutter contre l’angoisse qui submergea sa poitrine par vagues successives - si denses qu’elles lui semblaient faites de pierres et non d’émotions -, et étouffa lentement le peu d’air qu’il avait réussi à préserver. Haletant comme un poisson hors de l’eau, il pria le Ciel avec force pour qu’aucun des nouveaux venus ne le remarque et ne se rue sur lui comme l’un d’eux l’avait fait pour le Prince.
    Le cœur battant et la sueur au front, il s’attendit presque à ce que ses espoirs naïfs soient piétinés comme tous ceux auxquels il avait osé croire. Mais par bonheur - intervention divine ou non -, aucun des êtres, qu’il commençait d’ailleurs à redouter autant que le Maître, ne prêta attention à son état, tout entiers concentrés qu’ils étaient dans leurs réjouissances qui trainaient en longueur.
    Remerciant mentalement le destin pour ce désintéressement momentané - qui offrait un instant de répit inespéré au petit groupe toujours en voie de guérison sous les dômes de magie blanche -, Florent tourna vers la Gardienne toujours inactive son regard chargé de reproches.
    Pourquoi n’agissait-elle pas bon sang?
    Ne voyait-elle donc pas qu’ils souffraient le martyre? Qu’ils étaient tous à deux doigts de renoncer à la vie, à la vengeance? Elle était leur dernier espoir et elle le savait. C’était parce qu’ils avaient cru en elle, lui avaient fait confiance pour les défendre et les sauver qu’ils s’étaient engagés dans ce cauchemar sans craindre d‘échouer. Alors qu’attendait-elle pour montrer sa puissance, répandre sa magie, terrasser leurs ennemis, et mettre fin à toute cette histoire?
    Le dérangeant sentiment de s’être encore fait avoir lui donnait le tournis. Si bien que s’il avait pu se servir de la colère qu’il sentait gronder en lui comme un torrent de lave en fusion, le jeune se serait jeté sur Paélia pour la secouer et lui hurler de faire enfin quelque chose pour les sortir de là. N’avait-elle pas promis? N’était-elle pas censé être toute puissante?
    Ou lui avait-elle menti?
    La rage et l’angoisse surnaturelle qui le paralysait combattaient furieusement en lui, luttant l’une et l’autre pour prendre l’ascendant. Et ce duel accapara tant son attention qu’il ne prit pas immédiatement conscience qu’un silence de mort s’était installé dans la pièce, refroidissant ainsi considérablement l'atmosphère. Le Maître ne les avait absolument pas oubliés, simplement remis leur cas à plus tard, et il le lui signala d‘un ton railleur.
    - Et bien mon mignon, on est déçu? J’espère que tu as bien profité de ton…sursis, car il vient tout juste de prendre fin. Maintenant c’est à mon tour.
    Se tournant alors vers la masse composée de monstres, de créatures humaines et semi-humaines, l’incube laissa un grand sourire ironique et carnassier s’épanouir sur ses lèvres et ouvrit grand les bras, ses mains faisant signe d'englober la situation.
    - Très chers amis, et très chers traîtres, voici mes frères! Voyez, ne sont-ils pas magnifiques? Maintenant vermines obéissez et ployez devant nous! Acclamez-nous et adorez-nous! Reconnaissez-nous comme vos maîtres en toutes choses, et peut-être que nous daignerons vous laisser la vie sauve…en tant qu’esclaves!
    Puis tandis qu’il riait aux éclats, l’incube se tourna vers ses semblables, et leur tendit la main afin de former un cercle dont les pouvoirs, une fois additionnés, formèrent un puits de lumière vibrante à la puissance insondable.
    Ainsi réunis, les sept frères formaient tous les fléaux de chaque être humain existant ou ayant existé sur la Terre. Avarice, Envie, Colère, Orgueil, Gourmandise, Paresse et Luxure formaient les Sept Péchés Capitaux de la Chrétienté, et ainsi incarnés et protégés par leurs démons, ils comptaient bien assiéger le monde et tous ses occupants pour l‘éternité.

    ***

    Les Sept Péchés Capitaux. Et les Entia Tenebris.
    Qui aurait pu prévoir pareille abomination?
    Par ailleurs, n’avait-elle pas perçu la marque des Eléments dans la magie du démon? Une telle supposition lui donnait envie de hurler d’horreur! Comment tout ce qu’elle avait cru savoir pouvait se retourner ainsi contre elle? Finalement que savait-elle? Était-ce possible qu’elle ne sache rien? Absolument rien?
    Résistant au désir fou de déchainer sur l’incube l’immense pouvoir colérique qu’elle sentait bouillir en elle, Paélia se barricada derrière la froide intelligence qui lui permettait généralement de réfléchir de façon méthodique à défaut d‘être calme. Il fallait à tout prix qu’elle réfléchisse! Et vite!
    Une décision plus facile à prendre qu’à appliquer, car si la Gardienne faisait partie des misérables spectateurs de l’odieux drame qui se déroulait dans la Chambre en un seul acte, elle était également actrice. Car si sous ses yeux, la révélation de toutes les machinations de l’incube prenaient enfin un - monstrueux - sens qui l‘horrifiait, en elle retentissaient encore, encore, et encore, les lamentations et les peurs des âmes humaines meurtries arrachées des corps de ceux qui n‘avaient pas réussi à fuir, à se cacher. Elle sentait la douleur les traverser, les percer comme des coups d’épée tranchante. L’odeur des corps calcinés montait à ses narines, le goût de leurs larmes lui emplissaient la bouche, les bruits de poumons noyés, d’os broyés, de muscles dévorés lui étourdissaient les tympans et la rendaient presque sourde à toute autre chose. Chaque souffrance, aussi infime soit-elle, résonnait en elle de façon démultipliée, atroce. Elle était totalement incapable de mettre ces flux d’émotions de côté dans un coin de son esprit, pour pouvoir enfin penser clairement sans souffrir de concert avec les victimes.
    Et pourtant elle restait là. Immobile. Inactive. Impuissante.
    Là en haut, au-dessus d’elle, d’eux tous, de pauvres humains brûlaient sous la pluie de feu, se noyaient sous les trombes d’eau qui envahissaient peu à peu les étages, agonisaient sous leurs blessures ouvertes, criaient à l’aide. Son aide. Alors qu’en face d’elle, se jouait la pire tragédie qu’elle ait jamais vue et dont les conséquences allaient au-delà même de tout ce qu’elle aurait pu imaginer.
    Mais l’ironie voulait qu’elle ne puisse agir dans l’immédiat.
    Ses pouvoirs étaient déjà fortement affaiblis par la protection et la guérison simultanées qu’elle offrait à ses alliés, et de par cette division plus que conséquente, elle ne pouvait absolument pas se permettre de se disperser davantage. Le nombre de ses ennemis venait de croire de manière totalement significative, et combattre l’incube et ses frères lui demanderait toutes ses facultés. Les utiliser alors pour sauver quelques vies humaines, aussi innocentes soient-elles, au détriment de toute la population et de toutes les générations futures de la Terre, afin de soulager son esprit était tout simplement inconcevable, inimaginable! Une seule erreur ou sous-estimation de ses capacités face à l’ennemi qui était plus fort en puissance et en nombre n’était pas envisageable. Tout dépendait d’elle, cela elle en avait une conscience affreusement aiguë. C’est pourquoi un sacrifice devait être fait. Un sacrifice qu’elle n’avait pas anticipé, et qui à présent lui coûtait cher, mais qui était aussi inévitable que nécessaire : encore une fois, quelques-uns devraient mourir pour que la majorité puisse vivre et elle ne pourrait rien y changer.
    Cette cruelle vérité - qui l’aurait rendue malade d’injustice si elle avait été humaine - lui était d’autant plus difficile à accepter qu’elle sentait peser sur elle le regard lourd de colère et d’incompréhension de Florent. Mais comment lui expliquer la situation?
    Depuis qu’elle l’avait ramené de son monde de pureté blanche, elle ne protégeait plus les esprits de personne, et s’insinuer dans celui du jeune homme pour établir un contact était trop dangereux. Les informations qu’elle désirait lui donner risquaient d’être interceptées par l’incube, et de détruire définitivement toutes leurs chances de victoire. Le laisser dans l’ignorance était également dangereux - car dans un sursaut de courage et de rébellion, le jeune homme pouvait tout à fait dire une chose ou commettre un acte qui aggraverait leur état - mais entre deux maux, Paélia estimait que celui-ci était le moindre. Maintenir cet indomptable dans l’incertitude leur garantissait une plus grande marge de manœuvre, et elle espérait qu’il lui faisait encore confiance malgré son ressentiment.
    Car dans son immobilité, elle attendait un signe.
    Economiser ses pouvoirs était la raison principale pour laquelle elle ne bougeait pas même un petit doigt, mais il y en avait également une autre : elle attendait que le démon de luxure ou que l’un de ses frères révèle une faiblesse qui les handicaperait eux et l’avantagerait elle. Petit à petit, la Gardienne mettait au point un plan qu’elle dévoilerait au bon moment, mais avant cela, elle devait repérer la condition nécessaire : découvrir une faiblesse chez l’ennemi afin de s‘y engouffrer.
    Bataillant pour maintenir un semblant d’équilibre entre les émotions douloureuses qui l’assaillaient et ses réflexion de plus en plus concrètes - un exploit psychique qu‘aucun humain n‘aurait été capable de faire - , la déesse s’intéressa l’espace d’un instant à l’état clinique des corps d’Alouqua, de Lilith, de Tessa et de Florent. Après quelques tâtonnements, elle constata avec satisfaction qu’ils parvenaient enfin à leur complète guérison. Bientôt, ils seraient de nouveau prêts à se battre, et la bataille serait sanglante. Une idée qui lui apportait un sentiment mitigé, étrangement partagé entre l’espoir et l’abattement, ce qu’elle n’avait expérimenté auparavant.
    La perte brutale et inattendue de Belzébuth en tant qu’allié restait un problème. Car si la promptitude avec laquelle Gula s’était emparé de lui les avait tous déstabilisés et découragés, le pire était surtout que l’absence d’un un être aussi prometteur et robuste que le Prince créait malheureusement un trou béant, et impossible à combler dans leur ligne de défense.
    Ce mauvais coup du sort les privait injustement d’une des maigres chances qu’ils étaient tous si durement parvenus à réunir, mais ils ne devaient pas faiblir ni fléchir. Après tout avaient-ils le choix? Le Bien était maintenant à la croisée des chemins, et il n’y avait que deux voies disponibles : vaincre ou s‘incliner.
    Et jamais Paélia ne permettrait qu’il perde a profit du mal. La Gardienne avait fait un serment à l‘humanité, et elle comptait bien le faire parvenir à la victoire, dut-elle pour cela en mourir!

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  • Commentaires

    1
    Na-o
    Mardi 7 Avril 2015 à 21:39

    NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    MON BELZEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE!!!!!!!!
    sinon, magnifique chap qui valait le coup d'attendre et me met l'eau a la bouche pour la suite...sur ce je vais pleurer mon prince démoniaque TT

    2
    Moonset
    Mardi 7 Avril 2015 à 21:39

    Sanglant ?? Oh j'ai peuuur Maman !! Pas touche au cheveux de Florent :O !!!
    Sinon, très bon chapitre bien qu'un peu trop violent a mon gout :/ je suis sensible hein !! xD
    Bah dis a Asmodé que je l'envois se faire mettre :c'est tres vulgaire mais il le merite xP: et que pas touche a Mon Florent !! Orhww !
    Sinon j'aime toujours autant !!
    Bisoux Rire

    3
    Myuka
    Mardi 7 Avril 2015 à 21:40

    ... Wouahh .. *o* Ah nan, j'ai plus de mot là ... ce chapitre ( enfin, partie de chapitre ) était tout simplement méga-trop-trop-trop-génial, j'en ai une boule au ventre >< L'apocalypse est tellement bien décrite que, personnellement, j'ai l'impression d'y assister ... Quoi que j'aimerais pas trop quand même ^^' Enfin.. voilà, hâte au prochain chapitre qui sera le dernier avant l'épilogue. Fallait quand même qu'Elia accouche à un moment u.u Bon, en tout cas, bon courage pour écrire le prochain chapitre !

    4
    Inko
    Mardi 7 Avril 2015 à 21:41

    Quelle heureuse surprise, an début je voulais faire un petit tour pour lire un os mais finalement au joie la suite de TMA!!!! Merci pour ce nouveau chapitre attelant! je sais plus si je veux la suite ou pas parce qu'on dirait qu'ils vont souffrir les petits! (si si je veux la suite!!)
    Bon chance et bien sur que tu as plein de nouveaux lecteurs toi histoire le mérite!

    5
    AkiraBaka
    Mardi 7 Avril 2015 à 21:42

    Me revoilà MOUAHAHAHAH , bon juste pour te dire que quand j'ai découvert ton chapitre j'étais en cours sur mon portable et que j'ai tous simplement hurler de joie ( j'ai perdu mon portable et et gagner 4h de colle xD ) en plus l'image est magnifique smiley_id239885 ! Ô toi ma déesse je te jure d’honorer ce magnifiquement magnifique chapitre ! *^* Je t'es chercher sur facebook puis je me suis rappeler que j'avais oublier mon mot de passe ( bouletttt ! smiley_id239891 smiley_id118879) , Merci pour ton jolie bienvenu et oui je suis un homme **fière , danse sur la samba**smiley_id1982554 smiley_id198962
    Et je suis tomber sur ton histoire et cherchant des fic gors parlant de démons et yaoi ( j'ai u du mal a trouver d’ailleurs T.T ) J'ai un message pour Le Maître ! *^* :

    Chère Asmodée
    Je t'aimeuh ! .....*^* tue les tous ( sauf Elizia et Tessa s'il te plait 8D ) enfaite je voulais te demander si , par le plus grand des hasard , quand tu sera la maître ultime du monde et au-delà je pourrais venir avec toi par ce que il te faudra peux être de la nourriture ( je suis prêt a tous 8D ) et puis je peux être utile hien ! Pi si sa se trouve je suis beau donc c'est encore mieu 8D . Par contre je veux un doudou géant ( Tessa ! *^* je te traîtrais en humaine ne t’inquiète pas , je veux juste pouvoirs te faire des câlin des fois ^^ ). Et pi c'est tous hien .... a nan , esque je pourrais choisir mon prénom si te pai ? smiley_id2409228

    Bon bai bai ma super déesse de la mort qui tue ( toi aussi je t'aimeuh !!! *^* )smiley_id117182coeur_1smiley_id119159smiley_id119180smiley_id119182smiley_id239857smiley_id239866smiley_id239890smiley_id239910smiley_id239909

    6
    Cyssi87
    Mardi 7 Avril 2015 à 21:42

    Oh lalala.
    Ce chapitre valait l'attente et je ne regrette pas de l'avoir lu seulement maintenant.
    Je l'ai savouré et j'ai très HÂTE de pouvoir lire la suite.
    Le passage sur les démons des 7 péchés capitaux et celui que je préfère.
    Vivement la suite. ^^

    7
    gallou
    Mardi 7 Avril 2015 à 21:43

    nonnnnn il est ou elias ??
    smiley_id239889
    ils ne vont pos mourir ?
    hein ils sont des gentils sauf belze
    smiley_id239871si te plait ils doivent pas mourir?
    fais revenir elias smiley_id239909
    sinin ton histoire est toujours genial merci smiley_id239885

    8
    loysia
    Mardi 7 Avril 2015 à 21:43

    super enfin des reponse meme si elle sont pas joyeuse pour nos ami Est ce que belze vas revenir smiley_id119178?
    sinon merci pour ton boulot et a bientôt bisousNine

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