• Un dîner presque parfait

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    - T’es sûr que c’est la bonne couleur?
    - Mais oui…
    - Ah…Mais tu crois pas que celle-ci irait mieux avec la chemise?
    - Non!
    - Mais…
    - Noah, ça suffit!
    Gêné, je rentre la tête dans les épaules.
    Ca va bientôt faire une demi-heure que je n’arrête pas de changer d’avis sur ma tenue, je n’arrive pas à arrêter mon choix sur l’un des six costumes que j’ai acheté pour l’occasion, si bien que je crois que Cameron va m’assassiner si je continue de l’énerver avec ma crise de nerf!
    - Mais Cameron, je dois être parfait si tu veux que ta mère ait une bonne impression de moi! Imagine une seconde que je ne lui plaise pas et que ça foute toute la soirée en l’air…
    - T’en fais pas pour ça, Betty s’en chargera, cela a toujours été son job.
    - Mais et si je fais un faux mouvement et que je renverse un verre plein ou que je me tâche…Oh mon Dieu, dans ce cas, il ne faut pas que je porte quelque chose de clair, il faut du foncé, du sombre…Oui c’est ça, du sombre, du sobre aussi, il faut que je…hum!
    La main de Cameron s’est plaquée contre mon entrejambe à peine couverte d’un boxer pour la caresser doucement. Ses lèvres mordillent doucement les miennes puis deviennent plus envahissantes, au fur et à mesure que les mouvement de sa main s’affermissent et s’intensifient. Ses doigts fermes et doux autour de moi m’emportent dans un monde de coton et font flageoler mes jambes.
    Sa bouche quitte la mienne pour murmurer au creux de mon oreille:
    - Noah tu vas te calmer, sinon je ne suis pas sûr que ce boxer résistera à ma faim.
    Sa langue enduit mon lobe de salive brûlante.
    - Et tu sais très bien quel effet produit sur moi la vue de ton corps quand tu es nerveux et…tendu à l’extrême…
    Sa main glisse totalement dans mon boxer et m’enserre doucement. Ses caresses dissipent toute nervosité de mon corps et je me sens planer lorsque la montée du plaisir explose dans sa main, me laissant complètement faible entre ses bras.
    - Cameron…
    - Chut…
    Nous restons un moment enlacés, ses yeux plongés dans les miens. Je suis presque jaloux du bout de langue qui lèche cette main qui vient de me donner du plaisir.
    - Tu es délicieux Noah…
    J’en ri de plaisir, ce genre de compliment venant de lui est toujours si plaisant!
    - Si l’on ne se dépêche pas on va être en retard mon ange.
    - Et pour le costume je…
    - Mets l’ensemble bleu nuit avec la cravate nacrée, on verra mieux la couleur de tes yeux comme ça.

    Je m’appelle Noah, j’ai 25 ans. Ce soir, je vais être présenté à ma belle-famille, ou pour être plus précis, à la famille de mon compagnon Cameron.
    Lui et moi sommes ce que je pourrais appeler un couple assorti, car nous nous ressemblons physiquement et nous nous complétons mentalement.
    Nous sommes grands, bruns, distingués et nous avons quasiment le même âge. Mes yeux sont bleu nuit, les siens sont d’une jolie nuance noisette. Sont corps est plus musclé que le mien, mais ma peau est plus bronzée que la sienne. Je suis aussi beaucoup plus timide et pudique que lui envers certaines choses.
    Malgré nos différences, notre complicité relève de l’extraordinaire, car nous sommes parfois tellement en symbiose qu’il nous arrive de dire, penser ou faire les mêmes choses en même temps. Il est parfois effrayant de voir que l’un peut sentir dans quel humeur est l’autre et inversement, c’est comme si nous ne formions qu’un seul corps, qu’une seule âme…
    - Nous sommes arrivés mon ange, reviens un peu sur Terre et arrête de rêvasser, tu en aura tout le temps ce soir…
    Son regard lumineux est plus qu’expressif, sa passion me transcende de l’intérieur, provoquant en moi une incontrôlable avalanche de frissons.
    Rouge de confusion, je détourne les yeux. Il faut que je réussisse à calmer cette érection avant de sortir de la voiture si je ne veux pas que belle-maman n’aie une attaque dès notre première rencontre.

    La famille Mahler est très riche, elle est peut-être même la plus influente parmi celles de ce quartier chic de Paris.
    Leur réputation n’est plus à faire, ni même à contester, c’est d’ailleurs le poids de cette notoriété qui donnait autant de réticences à Cameron. Me présenter à ses parents à sans doute été la décision la plus difficile qu’il ait eu à prendre depuis bien longtemps.
    Je sais parfaitement qu’une fois que j’aurais posé le pied sur l’impeccable carrelage blanc de cet hôtel particulier, je ne pourrais pas faire machine arrière.
    Cameron a perçu mon anxiété car il plaque son corps contre le mien dans l’ascenseur pour me réconforter et me transmettre sa chaleur. Reconnaissant de cette attention, je laisse ma tête se poser au creux de son cou et m’enivre de son parfum épicé.
    Seigneur! Que j’aime cette complicité! Il me faut savourer ce contact aussi longtemps que possible car tout pourrait se terminer ce soir.
    Son corps qui s’éloigne me donne le signal, nous sommes arrivés.
    Les portes s’ouvrent sur un hall illuminé de bougies parfumées et de fleurs de Lys blancs.
    Même si j’ai l’habitude de voir ce genre d’endroit de par ma condition depuis que je suis enfant, je suis quand même impressionné par l’élégance et la finesse du lieu.
    Cameron nous conduit jusqu’à un salon tout aussi lumineux où trois personnes assises se lèvent à notre entrée.
    - Ah, Cameron! Tu arrives juste à temps comme toujours! Combien de fois t’ai-je répété de venir plus en avance? Oh, mais qui est-ce charmant jeune homme? Un de tes amis?
    Moulée dans un étroit fourreau de soie rouge et chaussée de haut escarpins de la même couleur, Rubis Mahler est incontestablement la plus belle femme que j’ai jamais vu.
    - Non maman, Noah est…
    - Oh! Noah! Quel charmant prénom! Enchantée de vous rencontrer, Cameron nous a déjà tellement parlé de vous!
    Elle nous embrasse sur les deux joues. Honoré, je ne peux que sourire de gêne devant un tel accueil.
    Réputée pour la perfection de ses dîners, elle excelle dans l’art de recevoir, ce qui fait d’elle l’élément phare de la famille. Cameron m‘a déjà dit de ne pas me fier à l‘apparence sulfureuse qu’elle donne pour cacher sa nature prude et délicate, mais je ne peux m‘empêcher de la trouver superbe.
    - Voici donc le fameux Noah Mercier dont tu nous rabat sans cesse les oreilles!
    Patrick son père, est le portrait craché de Cameron, les cheveux qui lui grisonnent les tempes lui donnent un air distingué et terriblement sexy. Mais je sais que derrière toute cette beauté mâle se terre un conformiste né. Lorsque nos mains entrent en contact, la fermeté de sa poigne et de son regard me font tressaillir.
    - Ravis de faire votre connaissance jeune homme.
    - En-enchanté moi aussi de vous rencontrer monsieur Mahler…
    - Moi aussi je veux te serrer la main! Y a aucune raison pour que je ne le fasse pas…
    La voix nasillarde de Betty sa sœur cadette, me fais sourire de pitié. Cette jolie rousse aux courbes pulpeuses n'a pas rompu avec la bouteille depuis son adolescence et son teint un peu rougeau et ses yeux un peu fous en témoignent tristement.
    - Bonsoir à vous aussi Betty.
    Son sourire de ravissement est un enchantement pour les yeux.
    - Comme ce garçon est adorable! Noah, c’est ça? Je suis... enchantée!
    Ses gloussements m’irritent les oreilles et les œillades de Rubis m’embarrassent.
    - Je crois que nous devrions passer à table! Noah, veuillez m’excuser pour l’apéritif mais vous auriez pu le prendre si Cameron et vous étiez arrivés plus tôt. Je suis si confuse.
    Son regard mi-désolé mi-accusateur se pose tour à tour sur Cameron puis sur moi.
    Je lui souris.
    - Ne vous tracassez donc pas pour si peu madame Mahler…
    - Allons, allons que de coquetterie! Appelez-moi Rubis comme tout le monde!
    Alors que nous suivons Rubis dans la salle à manger, Cameron me glisse à l’oreille:
    - Je crois que tu as tapé dans l’œil des femmes de cette famille…mon ange.
    Sa voix est douce, veloutée… et chargée d’une tension que je reconnaitrait entre mille.
    Cameron est excité, affreusement excité.
    Et le savoir dans cet état provoque invariablement la même réaction chez moi.
    - Dentelle de laitue nappée de crème de noisette accompagnée de homard frit au cumin en entrée, faisan braisé sur lit de macaronis en plat principal, et tarte Tatin avec boule de glace vanille en dessert! J’ai mis toute la journée à les faire, j’espère que ça vous plaira Noah.
    Autant de cérémonial pour quelques feuilles de laitue, une vinaigrette à la noisette et des morceaux de grosse crevettes! Tout de même touché de l’attention que Rubis me porte et du mal qu’elle s’est donné, je lui offre mon plus beau sourire de remerciement.
    A mon plus grand soulagement, je constate que le dîner se déroule sans accro notoire, Rubis est un hôte parfait, elle sait vraiment y faire pour installer une ambiance chaleureuse!
    Je suis en train de piquer dans un morceau faisan lorsque je sens quelque chose de doux et de chaud remonter le long de ma jambe. Méfiant, je jette un coup d’œil par-dessus mon assiette pleine pour observer Cameron à la dérobée. Son visage baigné par la lumière du lustre rayonne d’un sourire espiègle et ses yeux brillent d’une lueur coquine que je ne connais que trop.
    Cameron.
    Décidément, il souhaite ma mort! Il sait pourtant très bien que je ne sais pas me contrôler aussi bien que lui!
    - Encore un peu de faisan Noah?
    Un sourire crispé plaqué sur les lèvres, je tend mon assiette à Rubis et tente de concentrer mon attention sur la conversation plutôt que sur le contact un peu trop lascif du pied de mon compagnon.
    - Papa, ce n’est pas parce que tu es pour tel gouvernement que tout le monde doit être de ton avis!
    - Ne parle pas de ce que tu ne connais pas Betty! Que peut savoir une femme sur ces choses-là?
    - Quel superbe machisme! Je me demande encore ce que maman te trouve! Enfin, si on enlève la question de l’argent, il…
    - Betty, je crois que tu as assez bu pour ce soir. Chéri, aurais-tu la gentillesse s’il-te-plaît de me passer le plats de macaronis?
    Etrange tout de même comme l’impassibilité des visages peut cacher des sentiments violents.
    J‘en suis là de ma réflexion et du bouton de mon pantalon trop serré sur mon ventre plein à craquer lorsque le père de Cameron m’apostrophe :
    - Et vous Noah? Que pensez-vous de notre gouvernement? Ne vous parait-il pas mou, incapable et dépravé?
    - Hum, pardonnez-moi monsieur Mahler…
    - Appelez-moi Patrick.
    - Et bien Patrick, excusez-moi, mais je ne crois pas saisir exactement ce que vous voulez dire par dépravé.
    La caresse du pied de Cameron se poursuit subitement jusqu’à mon entrejambe. Mon sursaut me fait renverser mon verre et mon genoux se cogne conte le bois dur de la table. Avec horreur, je vois la tâche de vin s’étendre lentement en une large corolle et rougir la nappe auparavant d’une blancheur immaculée.
    Le cri de panique de Rubis me vrille les tympans, tout comme la crise d’hystérie de Betty qui ne fait qu’aggraver les choses. Sur le moment, je n’ose pas croiser le regard de Patrick, j’ai trop honte, et surtout trop peur pour le faire.
     
    Je ne suis vraiment pas sortable.
    J’ai réussi à m’éclipser dans la salle de bain pour m’arroser le visage et me calmer, mais je sens encore mon corps trembler de honte.
    Et merde! Il a fallu que je me ridiculise et que je gâche la soirée! Une soirée qui n’était pas loin d’être parfaite!
    - Noah tu vas bien?
    Je sursaute, encore une fois. Incroyable, je ne l’ai même pas entendu entrer le salaud!
    Toujours en colère contre lui, je le fusille du regard dans la glace au-dessus du lavabo, j’espère le contrarier un minimum, mais à mon plus grand dam cela le fait plutôt rire.
    - Allons, allons, qu’ai-je fais qui mérite un tel regard?
    - Ne joue pas à l’idiot! Tu le sais parfaitement!
    Il s’approche de moi pour enlacer mon corps tendu par la colère et déposer un baiser sur ma nuque déjà parcourue de frissons traîtres.
    - Non mon cœur, je te jure que je ne sais pas pourquoi tu es en rogne contre moi.
    D’un bond, je me libère de son étreinte et lui fait face. Mauvaise idée, parce que son regard brûlant s’empare du mien avant que je puisse faire quoique ce soit.
    Je voulais exprimer toute ma colère, mais finalement ma voix est comme vidée de toute force, comme si Cameron l’avait aspirée.
    - Tu..Ne fais pas l’idiot…Tu sais très bien de quoi je parle, tu sais, ton pied contre mon…mon…
    - Ton quoi?
    Je détourne le regard, trop gêné pour affronter le sien, trop brûlant et son sourcil, relevé en signe flagrant de moquerie.
    - Mon…sexe…
    Réaction totalement imprévue, il éclate de rire.
    Une fois qu’il s’est un peu calmé, il me regarde avec la même chaleur et m’embrasse doucement, provoquant une vague de tremblements dans tout mon corps.
    - Noah, je suis désolé de te le dire, mais ce n’était pas mon pied. Toutefois, je suis touché que tu aies pensé que c’était le mien.
    Alors là je suis perdu!
    - C’était celui de qui alors?
    - Réfléchit un peu, à qui as-tu fais le plus d’effet?
    Je n’ai pas eu besoin de réfléchir longtemps, Rubis et Betty étant les seules femmes présentes, il me suffit de me remémorer les clins d’œil ouvertement provocateurs de sa sœur et les œillades discrètes de sa mère. La lumière se fait subitement dans mon esprit perturbé.
    - Betty!
    - Et oui mon ange, bienvenue dans la famille!
    Il se met de nouveau à rire de sa belle voix chaude et grave, me donnant envie de plus. Ce son sauvage et viril me donne toujours envie de l’étouffer de mes baisers, d’enfouir mes doigts impatients dans ses cheveux sombres, de découvrir son corps et de m’y laisser glisser…
    - Mais je t’en prie, ne te gênes pas Noah.
    Interloqué, je le laisse m’embrasser avec passion et envahir l’espace brûlant de ma bouche.
    Comme j’aimerais parfois qu’il ne sache pas déchiffrer les expressions de mon visage ou lire dans mes pensées! Certaines d’entre elles sont parfois si dépravées!
    Sa main se fraie un chemin jusque sous ma chemise pour caresser mes tétons et les pincer gentiment.
    - Attend, j’aimerais savoir quelque chose.
    Contrarié, il se redresse pour me regarder. Froncement de sourcil. J’ai son attention.
    - Si ce n’était pas toi…alors pourquoi souriais-tu de cette façon à table?
    Son sourire pétille jusque dans la profondeur noisette de ses prunelles.
    - Je sourirais parce que je savais pertinemment ce qu’elle te faisait et comment tu allais réagir.
    Ainsi tout est de sa faute!
    Sans me laisser le temps de m’offusquer, il envahit de nouveau ma bouche et poursuit ses caresses sur ma poitrine. Au contact de ses doigts chauds et avides, je me sens immédiatement à l’étroit dans mon pantalon, et sa seconde main se fait un devoir de me libérer de ma prison de tissu, m’exhibant à l’air libre et tiède de la salle de bain.
    La salle de bain?
    Sous le choc, j’ouvre les yeux et me souviens du lieu où nous sommes en train de nous embrasser.
    - Cameron, non! Regarde où nous sommes, on ne peut pas faire ça ici!
    - Bien sûr que si, la porte est verrouillée et les murs sont insonorisés.
    Les murs d’une salle de bain insonorisés? Mais il se fout de moi? Justement que non! Les salles de bain sont réputées pour raisonner!
    Ses baisers dans mon cou et ses caresses sur mes testicules m’empêchent de réfléchir correctement, tout, autour de moi ne cesse de tourner et je me sens comme pris de vertige.
    J’essaie de le repousser, mais c’était déjà trop tard, je suis déjà trop faible.
    - C’est ça Noah, ne résiste pas…
    - Hum…

    Nous avons fait l’amour dans la salle de bain des beaux-parents.
    Bon sang! Je n’arrive pas à croire qu’on ait vraiment fait ce qu’on a fait!
    - Ah? T u veux que je te montre comment tu criais de plaisir? Que je te montre à quel point tu désirais mon corps et mon…
    - C’est bon! Ca suffit Cameron, n’en rajoute pas! J’ai déjà bien assez honte comme ça.
    Nous continuons de longer le couloir en silence. Pénétrant dans la salle à manger avec anxiété, je regarde leurs visages avec attention. Incroyable! Ils n’ont vraiment rien entendu de nos ébats.
    Alors que je m’assois à ma place, la douleur au creux de mes fesses est si vive qu’un gémissement m’échappe.Furieux, je lui chuchote :
    - Espèce de salaud, tu y es vraiment allé fort!
    Il ne rétorque rien mais son immense sourire parle pour lui.
    Sa mère le remarque d’ailleurs lorsqu’elle revient avec le dessert.
    - Qu’est-ce qui te mets de si bonne humeur Cami?
    Le diminutif le fait grimacer. Parfait, je connais sont point faible pour l’énerver à présent!
    - Rien de vraiment intéressant maman.
    Parle pour toi! C’est pas toi qui souffre le martyr!
    Alors que nous dégustons nos parts de tarte et nos tasses de café, Rubis regarde la montre incrustée de diamants attachée autour de son poignet. Attend-t-elle quelqu’un? Son air contrarié ne me dit rien qui vaille.
    - Je voudrais que tu m’explique une chose Cami, il est plus de 23 heures et je ne sais toujours pas quand ta fiancée va se décider à pointer le bout de son nez!
    Brusquement, c’est comme si le temps s’était arrêté. L’atmosphère s’est refroidie, les bruits de couverts et de conversation se sont éteint, et les regards semblaient tous être fixés sur moi.
    - Qu’est-ce que tu racontes Rubis? Noah n’est-il pas la personne spéciale que Cameron voulait nous présenter?
    - Certes, il avait dit  « je vous ferait rencontrer la personne qui à le plus de valeur à mes yeux », je conviens que cela n’implique nullement une femme, mais tout de même! Quand un homme dit ce genre de choses, c’est qu’il y a une femme derrière tout ça!
    - Maman…
    - Bon d’accord, je concède que j’ai été un peu trop vite en besogne en déclarant que cette fille était ta fiancée!
    Inexorablement, je sens l’angoisse m’enserrer la poitrine. La mine sombre, Patrick se tourne vers son fils.
    - Alors s’il s’agit d’une histoire de cœur, que fait Noah chez nous?
    Sa mère alimente les soupçons.
    - Ca ne peut décemment pas être Noah la personne si importante à tes yeux! Et d’ailleurs qu’as-t-il de si spécial?
    Cameron est comme figé sur sa chaise, la mâchoire et les poings serrés. Je devine parfaitement le chaos, identique au mien, qui fait rage en lui.
    Comment des gens aussi sympathiques et accueillants pouvaient se révéler être aussi méchants?
    - Et pourquoi ne pourrait-il pas être cette personne? Pourquoi Noah n’aurait rien de spécial à mes yeux?
    - Mais voyons chéri, c’est un homme, et…
    - Et quoi? Simplement parce que c’est un homme je ne peux rien ressentir pour lui?
    L’expression de pure horreur qui se peint sur leurs traits est éloquente.
    - Cameron… Non! Ne me dis pas que…
    Betty, affalée sur sa chaise et totalement saoule, ricane.
    - Et oui maman! Il faut s’y faire! Le fils ainé de cette honorable famille est bel et bien une tapette!
    Ha ha ha! Qu’est-ce que vous allez faire avec ça les parents, hein? Une alcoolo pas anonyme et une tantouze élevée au grain! C’est à ce tordre de rire! Vous auriez dû voir la tête qu’il tirait quand je lui ai foutu mon pied sur le paquet! Son regard s’est pointé direct sur Cami-chou!
    - La ferme Betty!
    La voix coupante de Patrick claque comme un fouet, interrompant les sanglots de Rubis et les divagations grivoises de la sœur cadette.
    - Cameron Steven Mahler! J’espère que tout ce que je soupçonne n’est fondé que sur des quiproquos! Je ne te laisserais pas tâcher le nom de cette famille avec de telles suppositions!Je te laisse une dernière chance de me détromper.
    Cameron reste calme, mais la veine qui bat à ses tempes me montre que son état est tout autre.
    - Si tu veux me voir avouer ce que Betty vient de dire, alors oui je suis gay, et Noah est mon compagnon depuis cinq années.
    Patrick est rouge de colère, son indignation est si grande qu’il s’étouffe avec ses propres mots.
    - Gay… Compagnon… Cinq années… Sale tapette! Comment as-tu osé introduire le vice dans notre maison! Comment as-tu eu l’audace d’inviter cette infamie à notre table et de lui offrir notre nourriture! Dégagez d’ici, je ne veux plus jamais entendre parler de vous, dehors!
    En ce moment, je crains que Cameron ne s’emporte et ne fasse quelque chose de regrettable. Mais à ma plus grande surprise - et douleur - il ne bouge pas de sa chaise, et parle longtemps, longuement, en la plus belle déclaration d’amour et de peine que j’aie jamais entendue.
    - Il me semble pourtant que tu étais fier de moi et que aimais bien discuter avec cette infamie comme tu l’appelles, tu le trouvais même charmant. Tu nous insultes et m’accuse d’avoir introduit le vice dans cette maison, mais je ne vois pas ce que j’ai fais de mal ou de plus grave que toi ou que chacun d’entre vous ici. Ta fille cadette boit comme un trou et se donne à n’importe qui. Maman noie son chagrin et son malheur d’être ta femme dans les achats inconsidérés et toi… Toi, tu la trompes impunément avec des filles qui pourraient aisément être les tiennes. Moi qu’ai-je fais? Je suis juste né avec une sexualité différente de la vôtre. Noah est un homme certes, mais il est la personne la plus importante de ma vie, celle que j’aime le plus au monde, et qui ne m’a encore jamais déçu. Il est celui avec lequel je me sens moi-même et avec qui je peux être moi-même. Si cela ne vous convient pas, alors c’est vrai, je n’ai plus rien à faire dans cette famille.

    Cette nuit, nous avons noyé notre peur et notre chagrin dans des étreintes brûlantes de passion et de désespoir. Ce dîner avait frôlé la perfection, mais comme Icare qui s’était brûlé les ailes à vouloir voler trop haut, nous nous étions effondrés à vouloir trop bien faire.

     

     


     Billet  :

    Une histoire qui m’a demandé pas mal de réflexion dans sa rédaction.
    Inspirée à la base par la très connue émission « Un dîner presque parfait », j’ai voulu créer une sorte de parodie, quelque chose de drôle et de léger et pas du tout destiné à comporter un message. Ce n’est qu’en lisant vos commentaires que j’ai pris conscience de sa profondeur, un aspect que je n’avais absolument pas remarqué, mais qui me rend assez fière : j’arrive à rendre sérieux un texte sensé faire rire! Je me surprend moi-même!

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  • Commentaires

    1
    ionion
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:04

    Ptain trop triste ='(... Les parents pas tolérants c'est dégueulasse...

    2
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:04

    Perfect ! (rien de plus à dire .. très bien écrit)

    3
    Ley
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:05

    trop triste la fin >< j'ai vraiment crut que les parents finiraient par accepter ! mais à part ça c'est vraiment un OS très réussi !

    4
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:05

    Trooooooooooop bien!! Le suspens dure jusqu'à la fin. la manière dont les parents accueillent noah laissent croire à leur acceptation. Par contre, j'étais sure que c'était la soeur qui excitait Noah!!
    Et j'ai eu presque peur que Cameron ne rejette Noah à la fin par peur d'être reniée, histoire d'être à fond dans le mélo-dramatique.
    J'adore la répartie de Cameron face à son père. Enfin, dommage que beaucoup de jeunes se fassent reniés par leurs parents à cause de leur homosexualité.

    5
    Sylphideland
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:06

    Haut en couleur !! Que du Bonheur xD

    6
    laliepetiteangel
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:06

    ooo triste la fin mais c'est une belle histoire =) j'adore les personnages surtout noah parce kel me rapelle moi a certain passage , sinon belle écriture rien a dire ,que du plaisir !!! parfait!

    7
    Jessica^^
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:07

    Au début en voyant le comportement des parents de Cameron on croirait qu'il ont facilement accepté Noah,mais en faite tout n'est pas si facile...Tu fais durer le suspense et on s'aperçoit qu'en faite les parents n'ont pas compris que le fiancé c'est Noah et qu'il attendent "la fiancée"^^ c'est un malentendu fatal,et la soeur qui fait des avances à Noah^^
    Les pauvres,ses parents ne sont pas tolérant,c'est vraiment méchant...Mais au bout du compte j'aurais crû que Noah et Cameron allaient se séparaeint,mais il n'en est rien,leur amour se retrouve renforcé par cette épreuve...Belle histoire^^

    8
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:07

    encore une fois, j'adore ton écriture!!! J'aime peut-être un peu moins cet OS que les autres, mais c'est quend même à croquer. ^^

    9
    Little-Shadow
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:07

    p'tain... c'est trop triste, pourquoi les gens peuvent pas être plus tolérant ? Tant qu'une personne est heureuse avec la personne qu'elle aime c'est le principal et qu'importe le sexe de la dite personne !
    ... Bref dans tout les cas super OS =)

    10
    Lyhrra
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:08

    Super ! ^^
    J' ai vraiment cru qu'ils accepteraient la sexualité de leur fils !
    J'ai vraiment horreur des parents de ce genre.
    Très bien écrit !

    11
    Niiix
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:08

    Respect !
    J'ai tellement aimé que je ne sais même pas quoi dire !

    12
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:09

    Oh, c'est trop bon!!
    J'aime pas les fin tristes mais là, on ne peut pas vraiment appeler ça triste car je suppose qu'ils vont rebondir et vivre leur amour plus fort!
    Et ce rappel à Icare, pour moi qui suit une littéraire, fabuleux!!!
    Bravo, en plus de la musique de fond, j'en pleurerais presque!
    Bonne continuation

    13
    Nytiss973
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:09

    O.O, je DETESTE les gens comme cela! L'intolérance m'exaspère au plus haut point!!! Mais bon, voyons le bon coter des choses: ils n'en serons, eux, plus que rapproché, et se soutiennent....non mais franchement,comment peut-ont rejeter son propre enfant pour une futilité pareil? un choix de vie comme un autre?....m'enfin, c'est un sujet d'actualité délicat et tu l'a vraiment bien exposé a mon humble avis, BRAVO! Sourire

    14
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:10

    Juste sublime, surtout vers la fin. Et quel fin ! A coupé de souffle. Triste, mais pas tant que ça, juste à couper de souffle. Vraiment, j'ai beaucoup aimé =D

    15
    Myuka
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:10

    J'aime bien le titre, je m'attendais à ce que ce soit des candidats qui tombent amoureux mais non... En tout cas, c'est pas grave, je ne suis pas déçue ^^ Dommage que les parents soient homophobes... en tout cas, Cameron a bien répliquer et c'est encore une fic' réussie... je suis trop gentille avec toi... je devrais critiquer mais c'est pas possible >< Tes fic's sont trop géniales pour recevoir des critiques ù.ù

    16
    Inko
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:11

    Histoire touchante. C'est incroyable comment tu nous y fais passer du rire aux larmes. Bizarrement je trouve que ça fini bien, peut être à cause de la belle déclaration de fin.

    17
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:11

    J'ai adoré ! smiley_id239890

    C'étais superbe =) ! Vraiment le thème de la présentation au parent est assez basique et souvent utilisé mais tu la super bien exploité !

    18
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:12

    smiley_id239906 Franchment c'est mon OS preferé j'adore, la relation fusionelle qui les unis est delire... J'adore vraiment c'est parfait. Je pleure à la fin. Rire j'adooooooreuh !

    19
    Aho
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:12

    Tout simplement magnifique! J'en perds mes mots! smiley_id239906

    20
    Phelie
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:13

    Haaa j'aime trop ! *µ* C'est trop trop beau smiley_id239906 C'est le 2° OS que je lis de toi, et j'adore *W* Bonne continuation ! 8D smiley_id239903

    21
    Kura
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:13

    Magnifique smiley_id239875
    J'ai adoré!! ;D

    22
    Lundi 9 Décembre 2013 à 23:14

    Bonjour,
    Je découvre ton site pour la première fois ce soir et je trouve vraiment très belle cet première histoire que je lis. La fin est triste même si on en attendait pas moins en lisant le résumé. En tout cas j'ai hâte de lire toute tes autres histoires ! Sourire
    Continue comme ça !

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